Il l’avait promis il y a un an. Dimanche 20 février, Luis Abinader, le président de la République dominicaine, a lancé la construction d’un mur le long de la frontière de son pays avec Haïti, rapporte Le Monde. D’après lui, ce mur “bénéficiera aux deux pays, car il permettra de contrôler beaucoup plus efficacement le commerce bilatéral, de réguler les flux migratoires pour lutter contre les mafias de trafic d’êtres humains, de lutter contre le trafic de drogue et les ventes illégales d’armes”, a-t-il précisé au cours d’une cérémonie dans la zone frontalière de Dajabon, dans le nord-ouest. 

Total des opérations : 31 millions de dollars, soit 27 millions d’euros. Les travaux dureront neuf mois. Fait de béton armé, le mur sera haut de 3,90 mètres et épais de 20 centimètres, écrit Le Monde. Selon l’armée, il y aura également 70 tours de surveillance et de contrôle. 

Un mur qui va provoquer “xénophobie et racisme

Chaque fois qu’Haïti a subi une catastrophe, nous, les Dominicains, avons toujours été les premiers à lui venir en aide. Cependant, la République dominicaine ne peut pas prendre en charge la crise politique et économique de ce pays ni résoudre le reste de ses problèmes”, a ajouté le président du pays de 10,5 millions d’habitants, cité par RFI. Luis Abinader estime que les Haïtiens doivent eux-mêmes surmonter ces crises, lesquelles doivent être par ailleurs prises en charge par la communauté internationale. 

Du côté des organisations de défense des migrants, la construction de ce mur risque de provoquer “xénophobie et racisme”. Auprès de l’AFP, le maire de Dajabon, Santiago Rivero, a indiqué qu’il était contre “ce type de mur”. “Le vrai mur, c’est celui de l’économie”, a-t-il renchéri, déplorant la corruption et accusant des “militaires d’encaisser des pots-de-vin de 100 ou 200 pesos (2 ou 4 dollars)” par immigrant clandestin. Près de 500.000 Haïtiens vivent en République dominicaine et aspirent à de meilleures conditions de vies, d’après l’Enquête nationale sur les immigrants.