Elle se souvient du “harcèlement” et des “tracasseries” des services iraniens. C’est ce qui l’a contrainte à l’exil en 2008, raconte au Monde, dans un entretien publié le 9 octobre, celle qui a “détesté être une femme” en Iran. Pourtant, l’actrice Golshifteh Farahani — qui est devenue française — n’avait pas prévu un tel départ et “construire une vie hors de mon pays, loin des miens.” Elle qui est née en 1983, soit quatre après la révolution islamique, durant la guerre d’Irak, affirme : “Observer les jeunes manifestants d’aujourd’hui, qui sont nés pour la plupart dans les années 1990 et 2000, me fait d’ailleurs comprendre à quel point ma génération a été complètement brûlée”, dit-elle au quotidien. Et de constater ensuite : “J’appartiens à une génération terrorisée”.
Insolence et exaspération
Elle compare sa génération avec celle qui investit les rues, les lycées et les universités iraniennes. Celle qui se révolte, notamment depuis la mort de la jeune Mahsa Amini, décédée trois jours après son arrestation par la police des moires iranienne. “Cette génération Z n’a connu ni la révolution ni la guerre, elle est née dans le marasme, coincée dans un pays qui est une dictature. Mais elle a Instagram, TikTok, elle sait ce qu’il se passe dans le monde, elle est irrévérencieuse, sans complexe ni timidité. J’ai l’impression qu’elle ne craint rien”, décrit Golshifteh Farahani au journal Le Monde. Un mélange d’insolence et d’exaspération. “Leur idéal tient en un mot : liberté”, résume l’actrice.
Elle ajoute : “Nos parents à nous étaient de gauche, de droite, nationalistes ou internationalistes. Il y avait un brassage d’idées et de mots. Cette génération, au contraire, rejette toute référence. La gauche, la droite, Poutine, la Russie, Marx, l’Amérique… Elle s’en moque, elle veut juste être libre. Libre de choisir sa vie.” Golshifteh Farahani est confiante et relate au quotidien avoir ressenti “quelque chose de charnel et de viscéral” quand le peuple iranien a commencé à se soulever face à la mort de Mahsa Amini, une jeune femme “tuée à cause de son corps et de ses cheveux.” Si la République islamique a déjà vu passer des révoltes, celle-ci est particulière à ses yeux : “Parce que des hommes sont prêts à mourir pour la liberté des femmes.”