Entre 638 000 000 et 720 000 000 de personnes ont souffert de la faim en 2024, selon le dernier rapport sur l’état de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde, publié lundi 28 juillet par plusieurs organisations onusiennes dont celle pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Unicef, le Programme alimentaire mondial (PAM) ou encore l’Organisation mondiale de la santé (OMS). À en croire les données, la part de la population ayant pu souffrir de la faim tend à régresser à l’échelle mondiale. Elle serait ainsi de 8,2 % en 2024, contre 8,5 % en 2023 et 8,7 % en 2022.

Autre progrès : le nombre de personnes ne pouvant pas se procurer de la nourriture saine est tombé de 2,76 milliards en 2019 à 2,60 milliards en 2024, grâce à une amélioration de la santé économique après la période du COVID-19 et malgré une augmentation des prix alimentaires à l’échelle mondiale.

Des inégalités persistantes

Cette baisse de la faim dans le monde serait permise par « des améliorations notables » dans les régions de l’Asie du Sud-Est, de l’Asie du Sud et de l’Amérique du Sud, note le rapport. Mais ces évolutions contrastent avec la progression de la faim sur le continent africain et au Proche-Orient. Au total, 307 millions de personnes auraient souffert de la faim en 2024 en Afrique, soit un peu plus de 20 % de la population, et 12,7 % de la population en Asie de l’Ouest.

Et si le nombre de personnes sous-alimentées doit décroître entre 2025 et 2030, « 512 millions de personnes pourraient encore souffrir de la faim en 2030 dans le monde, dont 60 % rien qu’en Afrique », souligne le document.

Outre les inégalités à l’échelle mondiale, les organisations pointent également des inégalités entre les populations vivant en zone rurale qui seraient 32 % à subir une insécurité alimentaire de manière modérée ou sévère en 2024, contre 28,6 % des personnes vivant en zone périurbaine et 23,9 % dans les villes.

Le monde loin d’atteindre les objectifs fixés pour 2030

Pourtant, les experts s’inquiètent de ne pas pouvoir tenir le deuxième Objectif pour le développement durable (ODD) de l’Agenda 2030 fixé par l’ONU en 2015. Celui-ci prévoit d’éradiquer la faim dans le monde ainsi que la malnutrition. « On est en retard sur l’ensemble des objectifs de développement durable pour 2030 » et « avec le démantèlement de l’agence d’aide américaine Usaid, qui fournissait une assistance alimentaire à 45 millions de personnes dans le monde en 2023, le risque est de voir la faim progresser à nouveau », déplore Raj Patel, économiste à l’université du Texas et membre du Panel d’experts international sur les systèmes alimentaires durables (IPES-food), dans les colonnes du Monde.

« Cette réalité menace aussi l’ensemble du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en compromettant la santé et les moyens de subsistance des populations, ainsi que la stabilité des systèmes agroalimentaires mondiaux », prévient par ailleurs le rapport des organisations.