“La répression sanglante de samedi est bien la preuve que le général Burhan n’est pas décidé à chercher une issue à la crise”, a témoigné un jeune Soudanais au micro de RFI. Samedi 13 novembre, une manifestation, où des dizaines de milliers de personnes ont défilé à travers tout le Soudan pour s’opposer au putsch militaire, a été réprimée dans le sang. Au moins huit personnes, dont trois adolescents, ont été tuées par les forces de sécurité, relate TV5Monde. Un syndicat de médecin pro-démocratie a recensé “plus de 200 blessés dont 100 par balles”, soulignant que les autres avaient été touchés par des balles en caoutchouc et des grenades lacrymogènes.
“Violations des droits humains”
Au total, depuis le putsch du général Abdel Fattah al-Burhane, le 25 octobre, 23 Soudanais ont perdu la vie. Il y a trois semaines, le général Burhane a fait arrêter nombre de civils avec lesquels il partageait le pouvoir. Après avoir dissous le Conseil de souveraineté, la plus haute autorité du pays après 30 ans de dictature, il l’a rétabli et s’est renommé à la tête de celui-ci. Arrestations, purges dans les institutions publiques, opposants remplacés par des cadres de l’ancien régime : au Soudan, le fossé ne fait que se creuser entre civils, qui défendent une transition démocratique, et militaires, relève RFI. “Les deux camps sont de plus en plus polarisés”, explique la chercheuse soudanaise Kholood Khair, citée par RFI.
Ainsi, l’Union européenne (UE), a condamné la violence à l’encontre des manifestants, explique Le Monde. “L’UE condamne dans les termes les plus forts les violences perpétrées contre des manifestants civils pacifiques”, précise un communiqué du porte-parole du chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Par ailleurs, l’armée soudanaise accroît la pression sur les médias : le chef du bureau de la chaîne qatarie Al-Jazira, à Khartoum, a été arrêté au lendemain de la manifestation. “Nous continuons de demander la libération de tous les détenus, y compris les journalistes arrêtés depuis le 25 octobre”, poursuit le communiqué. “Nous tiendrons les autorités pour responsables des violations des droits humains et du manque de protection des civils engendrés par la fin du processus de transition démocratique”, ajoute l’UE. Pendant ce temps, les manifestants ont prévu une autre mobilisation le mercredi 17 novembre.