Dans cet entretien, Anaïs N’Landu nous invite à changer de regard sur la pauvreté, sur notre rôle pour y faire face mais aussi à reconnaître les forces déjà présentes dans les communautés les plus vulnérables. Un appel à passer d’un possible découragement à un véritable partenariat !

Lorsqu’elles considèrent les situations de pauvreté dans le monde, et notamment en Afrique subsaharienne, certaines personnes éprouvent un sentiment d’impuissance ou de fatalisme. Qu’en pensez-vous ? 

Anaïs N’Landu : Je peux tout à fait comprendre cela. Quand on regarde les chiffres, on a l’impression que la situation ne s’améliore pas comme on le souhaiterait ni aussi rapidement que ce qu’on aimerait. On peut également avoir envie d’aider et de faire bouger les choses mais se sentir très loin des lieux où cette pauvreté se vit. 

Je soulignerais néanmoins deux choses pour répondre à la question. D’abord, il faut rappeler les progrès réalisés ces dernières décennies, en particulier dans le domaine de l’accès à l’eau et à l’assainissement. Toutes les nouvelles ne sont pas mauvaises ! Mais surtout, je crois qu’il ne faut pas tomber dans le schéma consistant à se dire : nous sommes loin, il ne peut rien se passer, ce sera toujours comme cela, c’est écrit d’avance. On se rapproche alors dangereusement de la pensée selon laquelle il y aurait une malédiction sur le continent africain – ce qui me paraît inacceptable. 

Y aurait-il donc quelque chose qui devrait changer dans notre mentalité quand nous pensons à ces situations de pauvreté ? 

Anaïs N’Landu : Ce qui devrait changer, c’est la mentalité du sauveur. Notre frustration naît du fait que l’on se dit qu’on aimerait sauver, être celui qui apporte la solution. Or ce n’est pas notre rôle ! Si l’on se rend compte que nous ne sommes pas forcément ceux qui doivent délivrer les gens de la pauvreté, nous […]