Les images ont fait le tour de la planète. Et elles font froid dans le dos. Des images de désolation et de corps sans vie gisant sur le sol, éparpillés sur plusieurs centaines de mètres. Certes, le retrait de l’armée russe de la région de Kiev est une sorte de victoire pour l’Ukraine. Mais la libération de la région s’est accompagnée de la découverte de possibles crimes de guerre et de villes et de villages défigurés, raconte Le Monde. C’est notamment à Boutcha, ville au nord-ouest de Kiev, que de nombreux corps ont été découverts à la suite du départ des forces russes.
“De nombreuses victimes civiles à Boutcha ont été abattues d’une balle dans la nuque, les mains liées. À l’autre bout de Kyiv (Kiev), dans la forêt de Bykivnia, des dizaines de milliers d’Ukrainiens ont été abattus de la même manière dans les années 1930 par le NKVD sous Staline”, a tweeté, dimanche 3 avril, Stéphane Siohan, correspondant en Ukraine pour Libération et RFI. Le quotidien de gauche n’a pas non plus hésité à nommer en “Une” ces exactions : “LA BARBARIE”.
De “possibles crimes de guerre”
Dimanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ainsi accusé la Russie de commettre un “génocide” en Ukraine pour éliminer “toute la nation”. “Je veux que tous les dirigeants de la Fédération de Russie voient comment leurs ordres sont exécutés. Ce genre d’ordres (…). Et ils ont une responsabilité commune. Pour ces meurtres, pour ces tortures, pour les bras arrachés par des explosifs (…) Pour les balles tirées dans la nuque”, a-t-il déclaré. En outre, les corps de 410 civils ont pour le moment été retrouvés dans les territoires de la région de Kiev récemment repris aux troupes russes, a annoncé dimanche la procureure générale d’Ukraine Iryna Venediktova.
“Avant d’abandonner la banlieue de Kiev, les troupes russes ont assassiné et brûlé des civils qui fuyaient. Ils ont aussi dissimulé des pièges dans les cadavres”, résume l’envoyée spéciale du Figaro. “Ce que l’on sait à ce jour soulève clairement des questions sérieuses et inquiétantes sur de possibles crimes de guerre et de graves violations du droit international humanitaire”, a déclaré, dimanche 3 avril, le bureau des droits de l’homme de l’ONU. Alors que la communauté internationale continue de condamner le comportement de l’armée russe en Ukraine, le président français, Emmanuel Macron, a ainsi affirmé, lundi 4 avril, sur France Inter, qu’il y avait “des indices très clairs de crimes de guerre”, appelant à “un nouveau train de sanctions et de mesures très claires” à l’encontre du régime russe. L’UE discute “en urgence” de nouvelles sanctions contre Moscou
Un tournant
De son côté, la Russie nie en bloc. “Pendant la période au cours de laquelle cette localité était sous le contrôle des forces armées russes, pas un seul résident local n’a souffert d’actions violentes”, a déclaré son ministère de la Défense, estimant que les images de cadavres dans les rues de la ville étaient “une nouvelle production du régime de Kiev pour les médias occidentaux”.
“Avec la diffusion des images venues d’Ukraine sur les réseaux sociaux, les TV d’État russes n’ont d’autres choix que de les diffuser à l’antenne. Il ne suffit que de changer la légende. Ici, sur notre planète, tout est fake, tout est complots et provocations contre la Russie”, a tweeté le correspondant Paul Gogo, basé à Moscou. “Le massacre de Boutcha impose un tournant aux Européens : abandonner cette piteuse gradation de la riposte et contrer l’offensive meurtrière de Vladimir Poutine par une réelle contre-offensive de solidarité avec Kiev”, conclut un éditorial du Monde.