“Environ 5 000 personnes ont été enterrées [à Marioupol], mais les gens ne sont plus enterrés depuis dix jours à cause des bombardements continus”, a déclaré, lundi 28 mars, Tetiana Lomakina, conseillère de la présidence ukrainienne, chargée des couloirs humanitaires. D’après cette dernière, “au vu du nombre des personnes encore sous les décombres […], il pourrait y avoir autour de 10 000 morts”, estime-t-elle.
Depuis fin février, relate Libération, la ville de Marioupol, cité portuaire du sud-est de l’Ukraine, est assiégée par l’armée russe. En temps de paix, la municipalité compte 450.000 habitants. Et, selon le maire de la ville, Vadim Boïtchenko, 160.000 y sont toujours bloqués, subissant des conditions de vie très difficiles, sans électricité ni eau potable.
“Maternité bombardée”
Dimanche soir (27 mars), le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a indiqué que “toutes les entrées et les sorties de la ville (étaient) bloquées […]” et qu’il était “impossible de faire entrer à Marioupol des vivres et des médicaments”. Et d’ajouter : “Les forces russes bombardent les convois d’aide humanitaire et tuent les chauffeurs”.
Il y a deux semaines, un théâtre où de nombreux civils – dont on ignore le nombre – avaient trouvé refuge était bombardé. “Des témoins ont des informations selon lesquelles environ 300 personnes sont mortes (…). Jusqu’au bout, on ne veut pas croire à cette horreur. Jusqu’au bout, on veut croire que tout le monde est sauf. Mais les témoignages de ceux qui se trouvaient à l’intérieur du bâtiment au moment de cet acte terroriste disent le contraire”, a fait savoir, le 25 mars, la mairie sur son compte Telegram, cité par Le Monde. “On nous a dit que 1.200 personnes s’y étaient rassemblées. Mais nous pensons qu’il y en avait en fait plus. Par exemple, les femmes enceintes sont ensuite arrivées d’une maternité bombardée”, raconte Nadia, citée par le quotidien.
“Ni une ville russe, ni une ville occupée”
Un édile local, qui a fui la ville de Marioupol le jour du bombardement de ce lieu culturel, a cependant déclaré que le recensement des victimes était impossible, notamment à cause des communications défaillantes. D’autant que les derniers journalistes sur place d’Associated Press sont partis. Mardi 29 mars, Emmanuel Macron, le président français, s’est à nouveau entretenu par téléphone avec son homologue russe, Vladimir Poutine, afin d’organiser une “opération humanitaire” d’évacuation de la ville. Après l’entretien, l’Élysée a indiqué que les conditions n’étaient “pas réunies à ce stade” pour envisager une telle opération, précise le Huffpost.
“Pour trouver une solution à la situation humanitaire difficile” de Marioupol, “les combattants nationalistes ukrainiens devaient arrêter de résister et déposer les armes”, a exigé le Kremlin. Sur BFM TV, mercredi 30 mars, Igor Zhovka, conseiller spécial et chef adjoint de cabinet du président ukrainien, a assuré que “Marioupol ne deviendra ni une ville russe, ni une ville occupée”.