Plusieurs milliers de manifestants se sont réunis mardi 22 juillet dans quelques villes d’Ukraine pour protester contre la promulgation, le soir même, par le président Volodymyr Zelensky d’une loi privant deux instances anticorruption d’indépendance. Un peu plus tôt dans la journée, le parlement ukrainien (la Rada) a adopté à 263 voix contre 13 un texte permettant de subordonner le bureau national anticorruption (le Nabu) et le parquet dédié à ce type d’affaires (le SAP) sous l’autorité du procureur général, qui répond lui-même au président.

Dans les faits, le texte permettra au procureur général d’avoir accès aux enquêtes menées par le Nabu, de demander à clôturer un dossier, de donner des instructions écrites aux détectives, de demander les dossiers essentiels à une enquête et de les réaffecter, précise Euronews.

« Si ce projet de loi est adopté, le chef de la SAP deviendra une figure nominale, tandis que la NABU perdra son indépendance et deviendra une subdivision du bureau du procureur général », ont expliqué les deux structures dans un message commun publié sur Telegram, rapporte encore Euronews.

La lutte anticorruption menacée

L’adoption de cette loi survient au lendemain de l’arrestation, lundi 21 juillet, d’un responsable du Nabu, accusé d’être un espion pour le compte de la Russie. Dès lors, le texte servirait à « débarrass[er] de l’influence russe » les deux structures, a insisté Volodymyr Zelensky. « Tout doit être purgé de cela. Et il doit y avoir plus de justice », a-t-il ajouté.

Des faits préoccupants alors que le Nabu et le SAP enquêtaient sur des affaires portant sur deux anciens ministres : Oleksi Tchernychov, ex-ministre de l’Unité nationale et Olga Stefanishyna, ambassadrice à Washington, indique Le Monde.

La perquisition des locaux de la Nabu a également été dénoncée par Transparency International, une ONG anticorruption, qui a fustigé une « pression systématique » des autorités ukrainiennes.

Des réactions perplexes à l’international

Les réactions à l’étranger ne se sont pas fait attendre. « L’Union européenne est préoccupée par les récentes mesures prises par l’Ukraine à l’égard de ses institutions anticorruption, le NABU et le SAP », a ainsi déclaré dans un communiqué mardi le porte-parole de la Commission européenne, Guillaume Mercier, ajoutant que « l’adhésion de l’Ukraine à l’UE exigera une capacité forte à combattre la corruption et à assurer la résilience institutionnelle ».