L’ONG protestante CEOSS (Coptic Evangelical Organization for Social Services), un partenaire de l’ACO, touche annuellement plus de 2 millions d’Egyptiens, dans plus de 100 communautés urbaines et rurales.

L’Egypte, plus de 102 millions d’habitants et une forte pression démographique, est l’un des pays africains les plus menacés par le changement climatique. Sécheresse, hausse des températures, irrégularité des précipitations, baisse du débit du Nil due en partie aux pays voisins et vulnérabilité à l’élévation du niveau de la mer pourraient bientôt entraîner la diminution des terres fertiles et amputer de moitié la production agricole d’un pays qui importe déjà 40% de son alimentation (notamment le blé en provenance d’Ukraine). Le changement climatique risque donc d’aggraver encore l’insécurité alimentaire et les inégalités sociales

Des objectifs nationaux

L’Etat égyptien a pris la mesure de cette situation alarmante et développe depuis 2016 un projet intitulé « Egypte, une vision pour 2030 ». Il y déploie une stratégie nationale ambitieuse dans tous les domaines, y compris celui d’un développement global et durable. La prochaine conférence pour le climat, la COP27, sera accueillie par l’Egypte en novembre 2022, une occasion de plus pour se mobiliser pour le climat.

Le CEOSS

Le CEOSS est un organisme protestant de développement basé au Caire. Son directeur, le pasteur Andrea Zaki, est par ailleurs le représentant des Églises protestantes auprès des autorités égyptiennes. Sous son impulsion, l’ONG se consacre au développement en général, à la justice sociale et à l’harmonie interculturelle et s’efforce de prendre en compte les effets du changement climatique dans tous ses projets. 

Elle est le porte-parole actif de la promotion du pluralisme et du respect mutuel dans le contexte égyptien et encourage la participation de tous les segments de la société – musulmans et chrétiens, riches et pauvres, instruits et analphabètes – à travailler ensemble à la réalisation d’objectifs communs. 

Sa devise « En obéissance à Dieu, au service de l’homme » annonce clairement une démarche chrétienne. Son travail en Egypte ne serait cependant pas possible sans une coopération conjointe entre le CEOSS et l’Etat, le secteur privé et les organisations de la société civile.

Une approche holistique

Depuis les années 1950, le CEOSS s’est donné pour mission d’améliorer la qualité de vie des citoyens pauvres et marginalisés en mettant l’accent sur les groupes les plus nécessiteux tels que les femmes, les jeunes, les personnes handicapées et les enfants.

Il travaille à renforcer les aptitudes des communautés à devenir autonomes et à faire preuve de résilience devant les difficultés. Cela passe par un travail de fond dans des domaines aussi variés que la santé, le droit au travail pour les jeunes et les femmes, la place du handicap, l‘égalité des sexes, la prévention de la violence intrafamiliale, la gestion des conflits dans les zones à risque.

Les communautés agricoles et rurales font partie de ces groupes cibles. La plupart des cultivateurs ne possèdent que de très petites parcelles de moins de un ha et vivent dans des conditions très précaires frôlant l’extrême pauvreté. Il était devenu urgent de leur faire une place dans les stratégies et programmations, ce que le CEOSS fait depuis de nombreuses années. Ces communautés sont aujourd’hui d’autant plus menacées dans leur quotidien qu’elles risquent d’être les premières victimes des bouleversements climatiques. D’où cette orientation résolument écologique des projets du CEOSS.

Le pôle de développement agricole de Al Minya en Moyenne-Egypte

Ce pôle est un centre de recherche agricole et un lieu de formation théorique et pratique qui dispose des ressources nécessaires en personnel qualifié et en matériel. Des activités de sensibilisation sur le changement climatique sont régulièrement organisées. Sont aussi enseignées les bonnes pratiques agricoles qui impliquent la préservation de l’environnement et le maintien des ressources naturelles, à savoir l’eau et le sol, par la pratique du compostage par exemple.

Une coopérative d’engins agricoles met à la disposition des agriculteurs des machines qui autrement leur seraient inaccessibles. Le gain en qualité de vie est indéniable et la mutualisation de ces moyens déteint favorablement sur l’organisation des agriculteurs eux-mêmes.

Le projet facilite la mise sur le marché d’une partie de la production agricole dans de meilleures conditions que celles pratiquées par les grandes compagnies qui relèvent souvent de l’exploitation de cette population pauvre et peu éduquée. Une unité de conditionnement leur permet de ne plus gaspiller le surplus des récoltes.

A la pointe de la recherche et de la technologie

Le programme du CEOSS est devenu une sorte de modèle de développement qui répond au défi de l’agriculture durable. La pratique d’une agriculture « propre » atténue les effets du changement climatique et préserve les ressources naturelles.

Le CEOSS est souvent parmi les premières ONG égyptiennes à introduire de nouvelles stratégies et technologies. Des stations météorologiques ont ainsi été installées et comme tous possèdent actuellement un téléphone portable, une application mobile a été développée et guide les agriculteurs pour optimiser les conditions de production en tenant compte de l’ensemble des facteurs naturels.

Les études actuelles du CEOSS portent sur « l’agriculture régénératrice» qui permet une production agricole avec un impact faible, voire positif sur l’environnement. Elle inclut et soutient les fonctions naturelles de l’écosystème que sont l’air, le sol, la végétation et la faune. 

L’ONG espère des changements substantiels pour les petits agriculteurs. Le résultat positif de cette politique amène davantage de communautés rurales à demander son intervention. Son approche en matière d’agriculture et de développement rural porte donc ses fruits.