Selon les statistiques, le nombre de coptes varie, mais ils seraient entre 6 et 10% de la population égyptienne, ce qui n’est pas négligeable dans un vaste pays qui compte près de 100 millions d’habitants. Les origines de ce christianisme égyptien restent floues. Certains pensent qu’il est l’œuvre de l’évangéliste Saint Marc lui-même, dont les reliques ont été rapatriées de Venise au Caire. Plusieurs découvertes archéologiques de ces dernières décennies montrent en tout cas la richesse de ce christianisme égyptien naissant et l’effervescence intellectuelle qui le caractérisait. Aujourd’hui, les coptes, orthodoxes, protestants ou catholiques, respirent au rythme de l’Égypte : entre peur de l’avenir et espérance de jours meilleurs.
Retirés dans l’enceinte sécurisante de leurs Églises
Les coptes sont donc à la fois chrétiens et Égyptiens. Fiers de leur ascendance pharaonique autant que du rôle biblique de l’Égypte, terre de refuge de la Sainte Famille fuyant le massacre des enfants ordonné par le roi Hérode, ils ont toujours essayé de combiner ces deux appartenances. Mais depuis les années 1970, alors que l’Égypte connait une réislamisation de sa sphère publique et de son droit, il devient de plus en plus compliqué pour les coptes de les faire tenir ensemble.
Dans ce contexte, la communauté copte a ressenti le besoin de réaffirmer son identité propre et son appartenance au christianisme. Un renouveau de l’Église s’est amorcé dans le renouveau de la vie monastique, l’apprentissage de la langue copte, le développement de la catéchèse… En réponse à l’islamisation de la société, les coptes ont ainsi développé une forme de communautarisme : de plus en plus, leur vie sociale se joue au sein de leur Église. Leur appartenance chrétienne devenant contradictoire avec une société se réclamant de l’islam, les coptes ont pour beaucoup fait le choix de se retirer dans l’enceinte sécurisante de leurs Églises et de ne plus s’impliquer dans la vie publique et politique de leur pays.
L’union sacrée de la croix et du croissant
La révolution égyptienne de janvier 2011 a encore changé la donne. Aujourd’hui, la situation de Égypte est contrastée et il est difficile de dire comment la situation va évoluer. Beaucoup de chrétiens, mais aussi de musulmans, ont vu dans cette révolution un espoir de changement et de transition vers un État démocratique dans lequel cohabiteraient les croyants des deux religions. L’union sacrée de la croix et du croissant, qui avait déjà très fortement marqué la lutte pour l’indépendance de l’Égypte en 1919 et dans les années suivantes, semblait à nouveau possible. Aujourd’hui beaucoup de coptes ne croient plus en cette union et sont gagnés par le désenchantement.
Apparu au départ comme un rédempteur, le président Sissi gouverne aujourd’hui avec une main de fer et les coptes désenchantés commencent à douter de leur avenir. Celui-ci dépend beaucoup de l’évolution de la situation politique avec un régime qui se referme sur lui-même. Et de la manière dont les coptes eux-mêmes décideront de prendre part à l’évolution en cours dans leur pays.