Le 20 janvier 2025, Donald Trump a gelé les financements de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), ce qui a entraîné l’arrêt de milliers de programmes humanitaires. En juillet 2025, Amnesty International alertait sur les conséquences de cette décision, rappelant que l’aide fournie par les États-Unis représentait 63 milliards d’euros en 2024. En comparaison, cette même année, l’aide fournie par l’Allemagne s’élevait à 32 milliards d’euros, celle du Royaume-Uni à 18 milliards d’euros et celle du Japon à 17 milliards d’euros. Moins d’un an après l’arrêt de cette aide, les conséquences se font déjà ressentir dans plusieurs pays, notamment dans leur lutte contre le sida.
Au Kenya, les traitements antirétroviraux manquent pour les personnes séropositives. Le pays avait réussi à diviser son taux de prévalence par deux en vingt ans. Il atteint aujourd’hui 4,3%. Dans ce pays, les médicaments sont de plus en plus rares et certains se vendent plus cher sur le marché noir. « Depuis que Trump ne veut plus aider le Kenya, c’est dur de trouver mes médicaments. Parfois, je n’en ai pas pendant un mois, plusieurs semaines », explique à RFI Benedict, 19 ans, né avec le VIH.
40,8 millions de personnes vivent avec le VIH
Au Burundi, l’un des pays les plus pauvres du monde, environ 1% des 14 millions d’habitants vivent avec le VIH. Depuis la fin de l’USAID, l’association ANSS-Santé Plus, qui suit environ 6000 personnes vivant avec le VIH, a dû se séparer d’un tiers de ses employés et réduire son budget de 25%, indique Le Monde. « On est dans une logique de survie », alerte Martine Kabugubugu, directrice exécutive de l’association. Entre le deuxième semestre 2024 et le premier semestre 2025, le nombre de cas a augmenté au Burundi. La proportion de personnes diagnostiquées positives parmi celles qui viennent se faire dépister à l’association est passée de 9% à 18%. Plus de 200 personnes ne prennent plus leurs traitements. Ainsi, le taux de personnes qui ne peuvent plus transmettre le VIH par voie sexuelle est passé de 97% à 94%.
Certaines communautés sont difficiles d’accès, tandis que de nombreux bénéficiaires ont arrêté de venir depuis les annonces des coupes américaines. « Ils pensaient que les services étaient tout simplement arrêtés », déplore un membre de l’association ANSS-Santé Plus. Dans un rapport publié en novembre 2025, le Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) note que « la riposte mondiale au VIH a subi son revers le plus important depuis des décennies ». « L’OCDE estime que l’aide sanitaire extérieure devrait chuter de 30 à 40 % en 2025 par rapport à 2023, provoquant une perturbation immédiate et encore plus grave des services de santé dans les pays à revenu faible et intermédiaire », souligne le communiqué. L’ONUSIDA rappelle que 40,8 millions de personnes vivent avec le VIH, qu’1,3 million de nouvelles infections ont eu lieu en 2024 et que 9,2 millions de personnes n’ont pas accès au traitement.

