Décryptage avec Franck Ebogo, directeur du Laboratoire d’analyses des dynamiques internationales et géopolitiques à l’Université de Yaoundé.

Le 7 octobre, quelques heures après le début de l’offensive du Hamas contre Israël, le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat réagissait. Dans un communiqué officiel, il invitait les deux forces en présence «à revenir, sans conditions préalables, à la table des négociations pour mettre en œuvre le principe de deux Etats vivant côte à côte». Depuis, plus rien, si ce n’est quelques réactions à demi-mots exprimant la prudence comme l’absence de concorde des pays africains face au conflit actuel entre Israël et le Hamas. En cause, selon le directeur du Laboratoire d’analyses des dynamiques internationales à l’Université de Yaoundé II au Cameroun Franck Ebogo, les intérêts divergents de ces Etats. Explications.

Comment qualifieriez-vous la réaction des pays africains au sujet de la crise actuelle entre le Hamas et Israël ?

Je parlerais d’une réaction mesurée et prudente dans la mesure où officiellement l’Union africaine (UA) n’a pas pris position par rapport à ce qui se joue actuellement au niveau de la bande de Gaza. Je crois que l’UA, fidèle à sa politique qui consiste à se prononcer très peu sur des cas qui ne concernent pas directement l’Afrique, préfère attendre de voir l’évolution la situation ainsi que ses éventuelles implications sur le continent avant de prendre une position officielle. Contrairement à l’Union européenne, l’UA n’a pas de politique commune.

Qu’en est-il du côté des pays africains ? Certains d’entre eux ont-ils exprimé leur solidarité envers Israël après l’attaque du Hamas ?

Les réactions sont très diverses. La République démocratique du Congo, le Togo et l’Ouganda ont choisi d’exprimer un soutien net à Israël, à l’instar du Cameroun, qui a adressé ses condoléances au chef de l’Etat hébreu. Pour leur part, l’Afrique du Sud et l’Algérie ont apporté leur soutien à la Palestine. D’autres encore, comme le Sénégal ou le Kenya, ont demandé l’arrêt du conflit, renvoyant dos-à-dos Israël et le Hamas et appelant au respect du droit international.

Certains pays, comme le Cameroun ou le Rwanda, ont traîné avant de se prononcer. La question fait-elle peur aux régimes africains ?

Contrairement aux pays du Maghreb (à l’exception du Maroc), plusieurs pays du continent africain ont établi des rapports de coopération avec Israël. Je ne parlerais donc pas de peur, mais plutôt de […]