Ce drame a coûté la vie à des centaines de personnes et, inévitablement, les questions affluent. Dans la nuit du 13 au 14 juin, un bateau avec des migrants à son bord a fait naufrage au large de la péninsule du Péloponnèse, en Grèce. Il transportait plusieurs centaines d’hommes, de femmes et d’enfants syriens, pakistanais ou égyptiens qui tentaient de rejoindre la côte italienne depuis l’Égypte.
Depuis une semaine, il est impossible de faire un bilan stable des victimes. Le nombre de rescapés se porte pour l’instant à une centaine, mais le nombre de morts pourrait se situer entre 300 et 650. Alors, comment expliquer une telle catastrophe ? Dans les médias, la polémique enfle sur la lenteur de l’intervention de sauvetage. L’alerte avait pourtant été donnée bien plus tôt dans la journée, car le bateau était surchargé et vétuste, explique franceinfo.
Une intervention tardive
L’intervention des garde-côtes grecs a été désastreuse, selon les survivants que Le Monde a fait témoigner dans une longue enquête. Un avion de l’agence de gardes-frontières Frontex a d’abord repéré le chalutier vers 9 h et a transmis des images aux Grecs. L’agence indiquait alors que le navire était surchargé et naviguait à faible vitesse.
Les garde-côtes grecs, déjà mis au courant de la situation depuis 7 h du matin, ne sont arrivés sur la zone du chalutier que vers 12 h. Ils ont cherché à fournir aux migrants de la nourriture et de l’eau, mais ils ne les ont pas rapatriés vers la côte grecque. Selon les ONG, les garde-côtes ont pour pratique d’accompagner les navires clandestins vers la côte italienne avec des gilets de sauvetage et des vivres, pour éviter un débarquement en Grèce.
Selon l’enquête du Monde, les sauveteurs se seraient ensuite approchés du navire et auraient lancé des câbles vers l’embarcation pour la tracter. Mais la corde aurait lâché une première fois. La seconde fois, le bateau aurait tangué, puis coulé.
Des câbles qui ont fait chavirer le bateau
Un rapport des garde-côtes confirme bien que l’utilisation de câbles a fait pencher le bateau d’un côté puis de l’autre avant de le faire chavirer. Or, plusieurs acteurs du sauvetage maritime estiment qu’il n’est pas très courant de remorquer un bateau aussi petit et rempli. Une telle pratique peut affecter la stabilité du bateau, en pleine mer.
Plusieurs des passagers affirment aussi être restés une à deux heures dans l’eau avec des gilets de sauvetage, avant d’être mis en sécurité. Mais, alors qu’ils vivent actuellement dans le camp de réfugiés de Malakasa au nord d’Athènes, les 104 survivants ont reçu l’ordre de ne pas parler des circonstances de la catastrophe, selon les témoignages livrés au Monde.
Les autorités grecques auraient invoqué le secret de l’instruction, alors qu’une enquête de la Cour suprême a été ordonnée au lendemain du drame.