En février dernier, les médias français publiaient les récits d’anciens élèves d’un établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques victimes d’agressions et de violences physiques et sexuelles. L’affaire Bétharram, du nom de l’établissement, est alors en Une de la presse et des chaînes d’informations. Un mois plus tard, la ministre de l’Éducation nationale, Élisabeth Borne a annoncé la mise en place de contrôles renforcés au sein des établissements scolaires privés sous contrat et a en particulier demandé une inspection académique à Bétharram le 17 mars, précise Le Parisien.

Ce même jour, le nom d’un autre établissement catholique, accusé des mêmes malversations, est apparu dans la presse. Il s’agit de l’école catholique de Notre-Dame-de-Garaison. En seulement deux semaines, deux plaintes ont été déposées par d’anciens élèves à l’encontre de l’établissement des Hautes-Pyrénées. La première, en date du 5 mars, a été déposée par un ancien élève, aujourd’hui âgé de quarante-quatre ans, qui était à l’internat de Garaison au début des années 1990, précise Le Monde avec l’AFP. Le 17 mars, il a déposé une nouvelle plainte pour complicité de délits et de crimes par dissimulation contre l’établissement. Le même jour, un second élève a saisi la justice. Ce dernier est un homme de quarante-cinq ans, scolarisé entre 1992 et 1994. Il a porté plainte pour violences aggravées, agressions sexuelles aggravées et viols contre un surveillant de l’internat.

Une vaste enquête de Radio France contre Garaison

Fin février, suite aux révélations sur l’établissement de Notre-Dame de Bétharram, la cellule investigation de Radio France dévoile une vaste enquête sur Notre-Dame-de-Garaison. On y apprend qu’un « Collectif victimes Notre-Dame de Garaison » a été créé le 21 février 2025 sur le réseau social Facebook et qu’il centralise les témoignages d’anciens élèves de l’établissement victimes des dérives des surveillants et des professeurs. Depuis, une adresse e-mail et un groupe WhatsApp ont également été créés, comme le rapporte l’enquête.

Une des victimes confie ses souvenirs : « Je me souviens de ma première nuit à Garaison, j’ai discuté avec mon voisin. Le pion m’a obligé à me dénoncer. Il m’a demandé de venir vers lui, de tenir sa lampe de poche. Il m’a mis une grosse claque dans la figure et m’a dit ‘Rends-moi la lampe et va te recoucher’. J’ai rendu sa lampe. Je suis allé me recoucher. Pas d’explication. Pas de sommation. C’était du dressage. La spécialité du surveillant général était de fouetter les élèves alignés avec un lacet en cuir tressé. Et parfois même, si ça ne suffisait pas, il nous faisait descendre l’hiver en pyjama faire des tours de la cour. »

Les faits prescrits, comme à Bétharram

En plus de l’enquête de Radio France, la presse locale a également recueilli de nombreux témoignages d’anciens élèves de Garaison. Face à cette situation, l’actuel directeur de l’école catholique, Joseph Corteggiani, a condamné fin février des « dysfonctionnements (…) d’un autre temps », auprès de La Dépêche du Midi. Un porte-parole de l’établissement a précisé à l’AFP, « Nous ne nions pas que, par le passé, à une époque où les punitions corporelles avaient cours dans les établissements scolaires (…), la volonté de faire respecter la discipline ait pu conduire certains encadrants à y avoir recours », souligne Le Monde.

Pour l’heure, les deux nouvelles plaintes contre Garaison (celle du second élève ajoutée à la deuxième plainte du premier élève en date du 17 mars 2025) ont été présentées au procureur de la République de Tarbes. Comme pour l’affaire Bétharram, les faits étaient a priori prescrits, car datant de plus de trente ans, mais ils seront ajoutés à l’enquête en cours sur l’établissement des Hautes-Pyrénées, confirme Le Monde qui cite l’AFP. Une chose est sûre, l’affaire Bétharram, débutée en janvier 2024 et encore en cours, a posé le regard du public et de la société française sur les violences commises au sein des établissements privés. Si Notre-Dame-de-Garaison est aujourd’hui dans le sillon de Bétharram, elle n’est peut-être pas le dernier établissement à faire l’objet de telles accusations.