Dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 mai, l’Assemblée nationale a voté en faveur d’un projet de réforme constitutionnelle qui vise à élargir le corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Cette mesure pourrait permettre à environ 25 000 personnes supplémentaires de s’inscrire sur les listes électorales. Cependant, cette initiative est vivement contestée par les indépendantistes locaux, qui redoutent qu’elle n’accentue la marginalisation du peuple autochtone kanak. En réponse à cette situation, des émeutes ont éclaté à Nouméa pendant la nuit, selon les informations relayées par BFMTV. Le Haut-Commissariat de la République pour l’archipel a annoncé l’interpellation de 130 personnes. Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a rapporté « des centaines » de blessés, dont « une centaine » de membres des forces de l’ordre. Deux décès, dont un par arme à feu, ont également été déplorés.
Les vols commerciaux à destination de Nouméa ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre. Ce mercredi matin, on craignait des pénuries alimentaires en raison de l’absence de réapprovisionnement des commerces, ce qui a entraîné de très longues files d’attente devant les magasins. De nombreuses stations-service étaient fermées et des voitures incendiées étaient encore visibles dans les rues. De plus, dans plusieurs quartiers de Nouméa, des barrages ont été installés et des habitants, dont certains cagoulés, patrouillaient armés de bâtons ou de battes de base-ball.
Un projet qui doit être adopté par le Congrès
La réforme devra encore obtenir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en congrès à Versailles. Emmanuel Macron a assuré qu’il ne convoquerait pas immédiatement le Congrès après ce vote, afin de laisser une dernière chance aux discussions entre les différentes parties locales. Cependant, si les loyalistes et les indépendantistes ne parviennent pas à trouver un terrain d’entente dans les prochains jours, le président de la République a averti que le Congrès serait convoqué « avant la fin juin » pour adopter définitivement la révision constitutionnelle.
Dans les premières heures de la journée, le FLNKS, l’une des principales factions indépendantistes, a exprimé un appel au calme tout en désapprouvant fermement le vote à l’Assemblée nationale. En opposition, la présidente de la Province Sud a sollicité auprès du président de la République la déclaration de l’état d’urgence et le déploiement de l’armée. Parallèlement, l’Élysée a confirmé qu’Emmanuel Macron avait convoqué un Conseil de défense et de sécurité nationale ce matin même. Dans une lettre adressée aux parlementaires calédoniens, le président Macron a également condamné les violences comme étant « indignes » et a appelé à la restauration du calme dans l’archipel. En début d’après-midi le président de la République a déclaré l’état d’urgence.