Le collectif Les Bons Petits Légumes, à l’initiative de cette action, compte une quinzaine de personnes et gère l’entretien du véhicule, sa bonne utilisation et la coordination des différents collectifs qui l’utilisent. L’activité réunit par ailleurs des dizaines de personnes qui contribuent, de manière plus ou moins régulière, et tissent plus largement des liens avec les nombreuses personnes et collectifs qu’elle vient alimenter : cantines populaires à prix libre, associations de femmes, événements de soutien à des luttes locales, squats, collectifs de sans-papiers, personnes en situation de précarité, associations de quartier… Certains empruntent le camion pour leur propre récup, d’autres gèrent les distributions de légumes. Ils se sont progressivement agrégés autour de cette action qui répondait à un besoin concret dans un contexte de précarité croissante : rendre des légumes souvent bio accessibles à tou.te.s.

Partage de savoir-faire

Dans une optique résolument solidaire mais loin de distributions de « charité », nous avons évolué pour nous éloigner d’un mode de fonctionnement ou certain.e.s font et d’autres reçoivent et privilégier un réel partage de savoir-faire. Ainsi, chaque semaine, un binôme habituel, est accompagné d’une personne qui découvre Rungis pour devenir autonome. La dimension concrète de notre action la rend facilement rejoignable. Chacun.e peut contribuer à sa mesure sans compétence requise. Durant le confinement, de plus en plus de personnes nous ont sollicités pour bénéficier des légumes qui venaient alimenter près de 350 personnes par jour. Au déconfinement, nous avons mis en place un système pour venir récupérer soi-même sa cagette. Cela a généré des rencontres, et de « simples bénéficiaires » ont pu s’impliquer dans la préparation des paniers, la distribution, ou la récup.

Une intersection

Ce côté accessible, inclusif et sympa lie une communauté composite : des jeunes comme des plus âgé.e.s, des militants, des chômeur.se.s, des personnes sans-papiers. Des personnes très différentes venues pour des motifs divers (politiques, sociaux et économiques) autour du souhait de se nourrir à moindre prix, de solidarité, de partage autour de la cuisine. Un trait commun cependant : habiter à Montreuil, car la dynamique est ancrée localement sur ce territoire. Maintenir la dimension rejoignable pour tou.te.s reste toutefois un travail quotidien : la charge du camion (réparations, administratif, stationnement), de l’organisation logistique des récups (rotation des équipes) et de l’argent reste gérée par un noyau dur grâce à des outils (agenda du camion, référent.e.s tournants, réunions) qui rendent possible l’autonomie et la distributions à un grand nombre de personne. La façon dont nombre de collectifs et de personnes rejoignent cette action concrète et locale montre combien la question alimentaire est à l’intersection de plusieurs espaces en réunissant des individus aux formes d’organisations différentes qui tissent des liens autour du bien manger et de l’émancipation des rapports marchands.