Finalement, c’est non ! Le Rassemblement national (RN) ne présidera pas un groupe de travail à l’Assemblée nationale dédié à l’antisémitisme. Le 8 novembre dernier, les représentants de chaque groupe parlementaire s’étaient réunis pour se départager les 80 groupes d’études. Et le RN s’était vu provisoirement attribuer la présidence d’un groupe d’études consacré à l’antisémitisme. Une telle possibilité en avait fait sursauter plus d’un.
Dans une tribune publiée dans Libération, un collectif d’écologistes, de parlementaires, d’élus et de militants juifs et non juifs, a martelé : “Non, le RN ne doit pas présider le groupe d’étude sur l’antisémitisme à l’Assemblée”. Car, rappelaient-ils, “le Rassemblement national, précédemment Front national, est un parti fondé par d’anciens nazis, d’anciens SS, des antisémites notoires. Dans son histoire, ce parti d’extrême droite ainsi que ses membres se sont illustrés par leur antisémitisme et leur négationnisme.”
“Péché originel”
Et d’ajouter : “Les juifs et juives de France méritent mieux que des pompiers pyromanes sur un sujet si important pour leur sécurité, leur dignité et leur survie.” Sur Twitter le président du Crif, Yonathan Arfi, a réagi : “Ce serait une ineptie et une manipulation inacceptables”. Quant à la Licra, elle a dénoncé une “aberration” et une “imposture”. Pour rappel, en 1987, Jean-Marie Le Pen avait déclaré que les chambres à gaz étaient “un point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.”
“Si ce parti d’extrême droite tente de masquer ses dérives et d’engager une dédiabolisation, les évènements récents, notamment les propos racistes tenus à l’Assemblée nationale, nous rappellent que le Rassemblement national ne change pas et reste un parti pétri, entre autres, de racisme et d’antisémitisme”, fustige le collectif dans la tribune publiée dans Libération. Après ce tollé, le RN a accepté de négocier avec Renaissance, le parti présidentiel, et d’abandonner la présidence du groupe sur l’antisémitisme à l’Assemblée nationale.
Mais un élu de la Nupes s’inquiète dans L’Obs : “Il n’y a pas de bonne solution. Le péché originel revient à la majorité qui a fait le choix d’intégrer le RN dans les institutions en leur confiant des vice-présidences de l’Assemblée nationale. Le RN qui ne préside pas un groupe sur l’antisémitisme, c’est une bonne chose, mais à la place, ils auront la main sur la sécurité privée, qui englobe notamment la question du port d’armes. Est-ce beaucoup plus rassurant ?”