Depuis l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, le mandat de Benyamin Nétanyahou est sévèrement remis en question par une partie du pays. L’échec du gouvernement à protéger sa population pourrait-il signer la démission du Premier ministre ?

L’attaque surprise des armées égyptienne et syrienne, et la guerre du Kippour avaient déjà entraîné la démission de Golda Meir en 1974. Son mandat n’avait pas résisté aux pressions populaires ni à la crise interne à l’État israélien.

Cinquante ans après, Benyamin Nétanyahou affronte lui aussi une crise interne. Le Monde explique qu’il a tenu une conférence de presse, samedi 28 octobre, dans laquelle il a admis que « tous les responsables » auraient à répondre de l’échec sécuritaire du 7 octobre. Mais il a refusé de se mettre directement en cause et a blâmé ses généraux.

Des tensions avec ses généraux

Sur la chaîne publique Kann, il a nié avoir été prévenu par les officiers d’une potentielle attaque du Hamas. Mais cette attitude ne convainc pas tous les Israéliens et suscite la polémique jusque dans ses rangs. Benny Gantz, ancien opposant au gouvernement qui a rejoint le cabinet de guerre, a dénoncé les propos de Benyamin Nétanyahou. Il a, en outre, défendu les généraux, dont plusieurs ont exprimé publiquement des regrets.

Selon plusieurs membres du parti du Likoud au pouvoir, cités en anonyme par Le Monde, la majorité des Israéliens souhaitent aujourd’hui le départ de Benyamin Nétanyahou. Le Premier ministre, lui, s’accroche à mettre toutes ses forces dans la guerre contre le Hamas, qu’il considère comme « la mission de [sa] vie ». De fait, une partie de la population a un sentiment de colère et de fierté blessée, et attend une victoire contre le groupe terroriste.

Les familles des otages plongées dans l’inquiétude

Mais les bombardements israéliens à Gaza ne font pas l’unanimité, notamment pour les familles des personnes prises en otage par le Hamas, depuis trois semaines. RTL explique que plusieurs familles de disparus et d’otages se rassemblent régulièrement à Tel-Aviv pour manifester devant le siège de l’armée israélienne.

Samedi 28 octobre, le Premier ministre a ainsi reçu les représentants de ces familles. Elles reprochent au gouvernement son manque d’action pour négocier la libération des otages, et redoutent d’apprendre leur mort dans les bombardements.

Des intellectuels n’hésitent pas non plus à fustiger publiquement la politique menée depuis des années par Benyamin Nétanyahou en Israël, et notamment la colonisation de la Cisjordanie. Dans une tribune publiée dans le journal israélien Haaretz, l’écrivain David Grossman l’accuse de trahison. Il juge que le Premier ministre a saboté le pays « au profit de petits intérêts cupides, au nom d’une politique cynique, bornée et somnambule ».