L’enfance n’est pas synonyme d’insouciance pour tous. Mercredi 30 août, l’Unicef France et la Fédération des acteurs de la solidarité ont dévoilé leur cinquième baromètre « Enfants à la rue ». Il montre une forte augmentation du nombre d’enfants sans solution d’hébergement, de 20% par rapport à l’année dernière et 2,5 fois supérieur à celui constaté 18 mois auparavant.

Les associations constatent une explosion du nombre de personnes qui n’ont pas pu être accueillies dans des structures d’hébergement adaptées, bien qu’elles aient appelé le 115, le numéro d’urgence dédié aux sans-abris. Elles demandent une « trêve scolaire » pour protéger les enfants scolarisés et leur famille de l’expulsion, rapporte 20minutes.

La baisse du budget de l’hébergement

Certaines nuits sont particulièrement significatives, comme entre le 21 et le 22 août, où 3 735 personnes en famille n’ont pas pu être hébergées après avoir contacté le 115, par manque de place. 1 990 enfants se trouvaient dans ces familles, dont 480 de moins de trois ans, précisent les associations. Mais ce chiffre ne prend pas en compte les enfants dont les familles n’appellent pas le 115, et qui vivent souvent dans des squats ou des abris de fortune.

Interrogé par La Croix, Julien Méreaux, directeur du pôle veille sociale à Espérer 95, donne plusieurs explications à cette forte hausse. Les deux années précédentes, le gouvernement a hébergé sans compter en raison de la pandémie : à l’hiver 2022, 205 000 places d’hébergement étaient maintenues, une décision saluée par les collectifs de solidarité.

Mais la politique française du « quoi qu’il en coûte » est désormais terminée et l’heure est à la reprise de l’activité touristique dans les hôtels, dont une partie du parc héberge habituellement des familles en situation d’urgence.

En Ile-de-France, où de nouvelles personnes sans domicile arrivent sans cesse, le budget de l’hébergement est en baisse. Espérer 95 est donc passé d’un plafond de 2 700 places en début d’année à 2 384 places fin 2023.

Fermeture des chambres en raison des JO

La perspective des Jeux olympiques 2024 complique la situation car de nombreux hôteliers commencent à récupérer leur parc pour y faire des travaux. Les chambres, qui avaient la capacité d’accueillir une famille, ferment les unes après les autres. Et la consigne politique est aujourd’hui de donner la priorité aux femmes victimes de violence.

Dans une tribune à Ouest-France, la présidente d’Unicef France, Adeline Hazan, et le président de la Fédération d’action sociale, Pascal Brice, appellent le Gouvernement à prendre des mesures. À l’automne 2022, l’État avait pris l’engagement de « ne plus avoir aucun enfant à la rue ».

Mais selon le collectif d’associations, il ne met pas en place une véritable politique contre le sans-abrisme et ne dote pas de suffisamment de moyens les structures d’hébergement.