La religion est au cœur de la campagne présidentielle brésilienne. Le deuxième tour, qui oppose Jair Bolsonaro et Lula, est marqué par une utilisation très politique de la religion. D’un côté, Lula est plus populaire auprès des catholiques et selon un sondage récent de l’institut Datafohla, le candidat du Parti des travailleurs (PT) obtiendrait 58% des voix auprès de cet électorat. A contrario, Jair Bolsonaro est plus populaire auprès des évangéliques et il lui est attribué 66% de leurs intentions de vote.
C’est ainsi que les deux candidats ont décidé de mettre à profit le temps disponible avant le second tour pour aller charmer le camp qui leur est respectivement le moins favorable. Lula a envoyé « une lettre ouverte au peuple évangélique », comme le rapporte La Croix. « Nous vivons (…) une période où le mensonge est employé intensément pour provoquer la peur chez les gens de bonne foi, et les éloigner d’une candidature qui les défend beaucoup mieux », explique-t-il. « La tentative de l’exploitation politique de la foi pour diviser les Brésiliens ne mène à rien, n’aide ni l’État, ni les Églises, car elle éloigne les gens du message de l’Évangile« , continue-t-il.
Les responsables religieux du pays contre la récupération
Ces déclarations visent expressément Jair Bolsonaro et son utilisation des réseaux sociaux à des fins politiques. Sur ces derniers, l’actuel président de la République brésilienne mène une campagne de propagande utilisant la religion pour discréditer son concurrent, quitte à le comparer à Satan. Bolsonaro a tiré profit de l’entre-deux-tours pour se rapprocher des catholiques en participant à deux évènements majeurs : le pèlerinage du Cirio de Nazare, en Amazonie, et la célébration de Notre-Dame d’Aparecida, la patronne du Brésil.
Mais ces récupérations politiques ne sont pas du goût des responsables religieux du pays. La Conférence des évêques brésiliens (CNBB) a déclaré, dans un communiqué, regretter vivement « l’intensification de l’exploitation de la foi et de la religion dans l’espoir de gagner des voix en vue du second tour« , tout en condamnant « avec fermeté l’usage de la religion de la part de n’importe quel candidat dans le cadre de sa campagne électorale« . « Il y a une atmosphère vraiment étrange. Je ne me souviens pas d’avoir vécu une telle situation en période électorale… Il y a en ce moment une certaine instrumentalisation de la religion, ce qui n’est pas correct. Les gouvernements passent, la religion demeure », a déclaré Odilo Scherer, l’archevêque de Sao Paulo, à la radio CBN, rapporté par La Croix.