Evgueni Prigojine, l’homme qui a défié Poutine avec son armée en marche vers Moscou, est mort mercredi 23 août. Un avion privé, qui transportait le patron du groupe paramilitaire Wagner, s’est écrasé dans la soirée. Le crash, considéré comme un accident, éveille pourtant les soupçons des pays occidentaux.

Prigojine était d’abord un proche du président russe. Il l’a servi pendant l’invasion ukrainienne, en dirigeant la milice armée de Wagner sur le front, mais il a vertement critiqué la gestion de l’armée par le Kremlin.

Ses troupes privées se sont finalement révoltées en juin 2023, et ont manqué d’envahir Moscou, avant de faire marche arrière. Bien que Poutine ait conclu un arrangement avec Prigojine, les pays occidentaux ne se sont pas montrés dupes après sa mort. Joe Biden, en réaction à la nouvelle, a dit ne pas « être surpris », rapporte BFMTV. L’Ukraine a estimé, quant à elle, qu’il s’agissait d’un « signal de Poutine aux élites russes » pour empêcher toute rébellion.

Des journalistes et militants anticorruption

Depuis l’élection de Vladimir Poutine en 2000, de nombreux opposants ont disparu ou ont été victimes de tentatives d’assassinat. La Croix en a fait une liste, avec en tête, celui de la journaliste Anna Politkovskaïa. Critique de la politique de Poutine, elle a été tuée dans le hall de son immeuble en 2006. Huit ans après les faits, cinq hommes ont été condamnés à des peines allant de douze à vingt ans de prison mais aucun commanditaire n’a été identifié par l’enquête.

Alexandre Litvinenko, ex-agent du FSB, le service de renseignements intérieurs, a été empoisonné en Angleterre en 2006. Il avait alerté publiquement sur la corruption au sein des services secrets russes. Réfugié en Angleterre, il est mort après avoir bu du thé, empoisonné au moyen d’une substance radioactive incolore et inodore. En 2021, la Cour européenne des droits de l’homme a confirmé la responsabilité de la Russie dans la mort de Litvinenko.

Empoisonnement au gaz soviétique

Plus récemment, en 2018, Sergueï Skripal et sa fille ont été victimes du même procédé. L’ancien agent double et sa fille se trouvaient en extérieur dans la ville anglaise de Salisbury quand ils ont perdu connaissance. Le Novitchok, un gaz innervant que produisait autrefois l’URSS, a été identifié comme la cause de leur empoisonnement. Placés plusieurs jours dans le coma, ils ont finalement échappé à la mort.

Enfin, l’un des plus célèbres opposants politiques à Poutine, Alexeï Navalny, a été victime d’une tentative d’empoisonnement en 2020. Ce célèbre militant anticorruption a été condamné et incarcéré pour des motifs troubles, et a été empoisonné en août 2020 dans un aéroport, en Sibérie. Après être tombé dans le coma, il a été placé sous assistance respiratoire avant de finalement sortir de l’hôpital sain et sauf, et d’accuser ouvertement Poutine. Cette fois encore, le poison aurait été identifié comme du Novitchok.