Après plusieurs reports et des hésitations, elle est enfin tombée. La controversée réforme des retraites voulue par le président Emmanuel Macron a été présentée, mardi 10 janvier, par la cheffe de l’exécutif Élisabeth Borne, lors d’une conférence de presse. Comme le précise le HuffPost, “justice”, “équilibre” et “progrès social” sont les grands mots mis en avant par le gouvernement pour justifier la refonte du système de retraite. Objectif : retrouver son “à l’horizon 2030.” Passage en revue des principales annonces.
L’âge de départ à la retraite repoussé à 64 ans
Mesure la plus attendue : l’âge légal de départ à la retraite, qui doit atteindre 64 ans en 2030, contre 62 ans aujourd’hui, indique L’Obs, citant le dossier de presse du gouvernement. Dans le détail, cet âge légal sera progressivement relevé d’un trimestre par an dès le 1er septembre prochain. L’hebdomadaire note que ce report à 64 ans plutôt qu’à 65 ans pourrait valoir au camp macroniste le soutien des Républicains. En revanche, les autres oppositions et les syndicats sont opposés à tout relèvement de l’âge légal : ils estiment qu’il affecterait les plus modestes.
La durée des cotisations allongée
Cette réforme des retraites entend accélérer l’allongement de durée de cotisations : autrement dit, il faudra 43 ans de cotisations en 2017 pour mettre la main sur une pension à taux plein. “Pour bénéficier de sa retraite à taux plein, il faudra, dès 2027, avoir travaillé 43 ans, durée de cotisation votée dans le cadre de la loi Touraine de 2014”, laquelle avait fixé l’échéance à 2035.
La suppression des régimes spéciaux
La réforme controversée doit entériner “l’extinction des principaux régimes spéciaux”, a indiqué l’exécutif dans un dossier de presse diffusé quelques minutes avant les annonces de la Première ministre. Élisabeth Borne a ainsi précisé que “les nouveaux embauchés à la RATP, dans la branche industries électriques et gazières et à la Banque de France” seront désormais affiliés au régime général pour la retraite.
Un dispositif “adapté” aux carrières longues
Le gouvernement souhaite mettre en place un dispositif “adapté” pour “protéger les personnes qui ont une carrière longue”, indique l’exécutif. “Aucune personne ayant commencé à travailler tôt” ne devra “travailler plus de 44 ans”, est-il détaillé dans un dossier de presse, écrit le HuffPost.
Un système “plus juste” pour les femmes
L’Obs explique que la Première ministre a aussi annoncé des mesures pour les retraites des femmes, pénalisées par des carrières hachées en raison des congés maternité. “Nous rendrons le dispositif ‘carrières longues’ plus juste, notamment pour les femmes”, a annoncé Élisabeth Borne. Et d’ajouter : “Avant ce projet, les périodes de congé parental n’étaient pas prises en compte dans la durée pour en bénéficier. Cela sera désormais le cas.”
La pension minimum revalorisée
Dès le 1er septembre prochain, le minimum de la pension retraite devrait être augmenté de 100 euros par mois. Par exemple, un salarié qui a travaillé au Smic toute sa vie toucherait une retraite de 1200 euros par mois (soit 85% du Smic net). “Près d’un quart des personnes, parmi les travailleurs les plus modestes, bénéficieront d’une hausse de leur pension au moment de leur départ en retraite”, affirme l’exécutif.
Une meilleure prise en compte de la pénibilité des carrières
“Les seuils des principaux facteurs d’exposition aux risques professionnels seront abaissés pour permettre à davantage de salariés de bénéficier d’un compte”, a fait valoir le gouvernement. Ainsi, précise le HuffPost, le compte professionnel de prévention, permettant de partir à la retraite plus tôt lorsqu’on exerce un métier pénible, sera modifié et davantage utilisé.
Du côté des réactions, le Medef a salué des “décisions pragmatiques et responsables” du gouvernement concernant cette réforme des retraites. En revanche, les syndicats ont fustigé une réforme “brutale.” Ces derniers, selon 20 Minutes, précisent dans un communiqué : “Cette réforme va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et plus particulièrement celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt, les plus précaires, dont l’espérance de vie est inférieure au reste de la population, et celles et ceux dont la pénibilité des métiers n’est pas reconnue.” Ils ont également annoncé une première journée de mobilisation le 19 janvier.
Mardi soir, relate, Libération, toutes les composantes de la gauche ont tenu un premier meeting commun contre cette réforme. D’après le quotidien, le député insoumis François Ruffin a déclaré : “Il faut de la sauce, de la joie sur les mobilisations”. “J’appelle tous les artistes du pays à venir nous aider, a-t-il ajouté. Il faut toucher les tripes des Français avec de la joie mais aussi avec l’orgueil, la fierté !”