Le sociologue David Douyère étudie de près la représentation des religions dans les médias… avec ses clichés et ses pierres d’achoppement.
Quelles sont les principales difficultés des médias lorsqu’ils abordent le fait religieux ?
Certains assimilent ce traitement à de la publicité. Les religions elles-mêmes font partie d’un dispositif qui vise à transmettre l’amour de Dieu, elles ont leurs propres outils de communication. En France, en tout cas, on sent une certaine réticence à traiter de ces sujets pour cette raison. Les médias craignent de faire du prosélytisme.
Et comment cela se ressent-il dans les articles ou les émissions sur le sujet ?
Je crains qu’il y ait une certaine dérision par rapport aux religions. Certes, c’est un reproche classique de l’extrême droite à l’endroit des médias, parce qu’elle craint qu’on se moque de l’Église. Mais on constate quand même une distance amusée envers certains courants et pratiques… Par exemple, cela se traduit dans une forme de réduction culturelle : les catholiques sont parfois associés à la rubrique « pain-fromage », puisque certains monastères fabriquent des produits du terroir et conservent une tradition. C’est une manière d’en parler qui n’est pas compromettante.
La médiatisation des religions n’est pourtant pas toujours légère…
En effet, il y a aussi une accentuation sur les positions radicales et traditionnelles. Dans les clichés qu’associent souvent les médias aux religions, on trouve par exemple la protestation indignée, qui concerne surtout les musulmans et les catholiques traditionalistes. On va beaucoup médiatiser des gens en prière sur la place publique parce qu’ils sont offusqués d’une pièce de théâtre ou d’un livre jugés non convenables. Un autre topos (situation ou thème récurrent, ndlr.), c’est la place de la femme dans l’islam, le judaïsme ou le catholicisme, perçus comme des institutions masculines oppressives. En bref, la […]