“Monsieur le Président, vous m’avez fait part de votre volonté de nommer un nouveau Premier ministre. Alors qu’il me faut présenter ma démission, je voulais vous dire combien j’ai été passionnée par cette mission.” Avec cette lettre, révélée par Le Monde, Élisabeth Borne annonce sa démission en empruntant les mots de Michel Rocard, qui avait été lui aussi contraint par Mitterrand de quitter Matignon en 1991. Elle remet sa lettre de démission ce lundi 8 janvier, vers 16 heures.
À 18 heures, le président de la République décide de s’exprimer sur X afin de confirmer sa décision tout en remerciant “de tout cœur” l’ancienne cheffe du Gouvernement pour son travail “exemplaire” au “service de la Nation”. Après vingt mois au Gouvernement, l’ancienne préfète de 62 ans, ancienne conseillère de Lionel Jospin, a permis l’adoption de plusieurs textes controversés, comme celui récemment de l’immigration ou encore celui de la réforme des retraites. Souvent confrontée à la majorité, elle a eu recours à 23 reprises à l’article 49.3 de la Constitution afin de faire adopter sans vote les textes budgétaires.
Besoin de renouveau
À la suite de cette annonce, les spécialistes tentent d’analyser la raison politique du départ d’Élisabeth Borne, sans vraiment y parvenir. Les experts interrogés par Le Monde peinent à comprendre, et une source à l’Élysée lâche même : “Elle a fait un bon job.” Selon certaines voix, citées par Les Échos, Emmanuel Macron souhaite surtout du renouveau et un nouveau souffle, afin de relancer son quinquennat et, surtout, pouvoir tourner la page de l’épisode chaotique de la loi immigration avant les élections européennes de juin prochain.
Si le nom du successeur d’Élisabeth Borne était déjà trouvé lundi, l’Élysée réservait son annonce pour ce mardi midi, le temps de “derniers calages”, selon l’équipe de communication d’Emmanuel Macron, mais aussi pour faire preuve “d’élégance” envers Élisabeth Borne.
Gabriel Attal, nouveau Premier ministre
Le nom de Gabriel Attal était sur toutes les lèvres et la rumeur a été confirmée ce mardi à midi, faisant de lui le Premier ministre le plus jeune à occuper ces fonctions sous la Ve République. Nommé ministre de l’Éducation nationale il y a seulement cinq mois, Gabriel Attal a su se faire remarquer et gagner l’attention d’Emmanuel Macron au fur et à mesure de son parcours, du cabinet de l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine à Matignon.
Les réactions de l’opposition ne se sont pas fait attendre, comme celle de Mathilde Panot, présidente du groupe La France insoumise, qui a qualifié Gabriel Attal de “Macron junior, spécialisé dans l’arrogance et le mépris”. La France insoumise a d’ailleurs demandé au prochain Premier ministre de solliciter un vote de confiance de l’Assemblée, sans lequel elle déposera une motion de censure. Une référence à l’arrivée d’Élisabeth Borne, qui, contrairement à la coutume parlementaire, n’avait pas sollicité la confiance des députés lors de son arrivée en 2022.