Tout juste nommée ministre de l’Éducation nationale et des Sports, Amélie Oudéa-Castéra a défrayé la chronique en enchaînant les déclarations polémiques. De la scolarisation de son fils dans un établissement privé controversé à des indemnités “très élevées, voire anormales” lors de son passage à la tête de la Fédération française de tennis, faisons le point sur ces dix jours de scandales politiques.
École Stanislas
Le 12 janvier, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra vient de prendre ses fonctions au ministère de l’Éducation nationale et des Sports au sein du nouveau gouvernement de Gabriel Attal, Mediapart révèle que ses enfants sont scolarisés au sein de l’établissement Stanislas. Comme le précise 20 Minutes, ce collège-lycée privé catholique avait déjà créé la controverse par le passé, réputé pour son univers “sexiste, homophobe et autoritaire”. Début 2023, le ministère de l’Éducation avait saisi l’Inspection générale afin de lancer un appel à témoignages après ces accusations. Mediapart a révélé que ce rapport sur les dérives de cet établissement existait, mais que le ministère de l’Éducation nationale refusait de le rendre public depuis août 2023.
Des “paquets d’heures pas remplacées”
Le même jour, la ministre s’exprime à ce sujet devant la presse, lors de la visite d’un collège dans les Yvelines. Elle explique ainsi avoir transféré ses fils en raison de sa “frustration devant les paquets d’heures” d’enseignement qui “n’étaient pas sérieusement remplacées” lors des absences des professeurs. Elle précise : “Mon fils aîné, Vincent, a commencé, comme sa maman, à l’école publique [élémentaire] à Littré, dans le 6e arrondissement de Paris. Avec mon mari, on en a eu marre, comme des centaines de milliers de familles qui, à un moment, ont fait le choix d’aller chercher une solution différente.” Elle ajoute que cette décision a aussi été prise en raison de la proximité, puisqu’ils habitaient rue Stanislas. Face à ces propos, les syndicats enseignants se sont révoltés, dénonçant une prise de parole “lunaire et provocat[rice] contre le service public d’éducation et ses personnels”. Pour Jean-Rémi Girard, président du Snalc (Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur), c’est “une histoire intéressante par ce qu’elle dit sur l’abandon de l’école publique par nos dirigeants”.
Contradiction de l’ancienne institutrice
Deux jours après, l’ancienne institutrice de son fils prend la parole dans Libération et contredit la ministre. Elle révèle que Vincent n’aurait passé que six mois dans l’établissement public, en petite section de maternelle. Elle précise ensuite : “Il n’y a jamais eu de problème de remplacement à Littré qui est une petite école très cotée”, avant de garantir n’avoir jamais été absente et que les professeurs étaient de toute façon remplacés.
Selon l’institutrice, le départ de Vincent dans le privé a été causé par un désaccord sur son passage anticipé en moyenne section souhaité par les parents. La ministre répond à ce témoignage en assurant n’avoir pas menti, tout en précisant que la réalité lui donnait tort. Face à l’ampleur de la situation, mardi 16 janvier, Amélie Oudéa-Castéra se rend à Littré afin de présenter ses excuses. Elle y sera accueillie par des sifflets et des invectives.
Dérives “homophobes et antiavortement” de l’école Stanislas
Peu après ses excuses, Mediapart publie le rapport d’inspection sur les dérives “homophobes et antiavortement” de Stanislas. Ce document de l’Inspection générale de l’Éducation nationale révèle par exemple la promotion faite par l’établissement des thérapies de conversion. Le vendredi 19 janvier, le parquet annonce qu’une enquête pour injures sexistes et homophobes est ouverte à l’encontre de Stanislas.
Le contournement de Parcoursup
Samedi 20 janvier, Mediapart publie une autre information concernant Vincent, le fils de la ministre. Ce dernier aurait contourné les règles de Parcoursup. En effet, l’établissement Stanislas garantit à ses élèves des admissions en classe préparatoire aux grandes écoles. Mais Parcoursup est censé être anonyme. Or, seuls 41 candidats n’ont fait qu’un vœu pour une classe préparatoire en 2023. Et parmi ces derniers, 38 sont des élèves de Stanislas. Le lendemain de la publication du papier, le directeur de l’école confirme l’information, précisant que l’établissement a un système “maison” pour contourner les règles.
“Défaillances systémiques” au sein de la Fédération de tennis
Mardi 23 janvier, un rapport parlementaire portant sur les défaillances au sein des fédérations sportives épingle les défaillances d’ Amélie Oudéa-Castéra comme ministre des Sports et ancienne dirigeante de la Fédération française de tennis. Les conclusions de ce rapport fustigent les “défaillances systémiques” en matière d’éthique et de lutte contre les violences sexuelles. Il pointe aussi du doigt sa rémunération de 500 000 euros brut sur treize mois, ainsi qu’une prime sur objectif de 100 000 euros. La ministre dénonce de son côté un compte rendu “militant » et “instrumentalisé à des fins politiques”.