C’est Pierre Rimely, un riche propriétaire terrien de Buhl, qui a donné son nom au Rimlishof, au xvie  siècle. La propriété est passée entre les mains des moines de Murbach, d’une grande famille suisse, de l’association Sainte-Jeanne d’Arc, puis du SIVOM1 de Guebwiller, avant d’être rachetée en 1981 par La Ligue pour la lecture de la Bible. Après deux ans de travaux, le Rimli a ouvert ses portes à un large public.

Le projet : accueillir la différence

Quand j’ai pris la direction du Rimlishof en 1995, l’idée était de faire de ce lieu un accueil de la différence. Le centre de vacances a commencé à recevoir des personnes en situation de handicap pour des séjours adaptés, des classes de découverte, des séminaires, des groupes d’Églises, des stages artistiques, des fêtes de famille, une micro-crèche… puis, à partir de 2010, des demandeurs d’asile. Nous avons envisagé un accueil pérenne après avoir reçu, pendant un an, les jeunes d’un ITEP2 des environs, dont les bâtiments étaient en travaux. On s’est dit que ce serait bien de pouvoir accueillir plus de monde.

Nous avons trois hectares et demi et cinq bâtiments. Le directeur général de l’association ACCES, à Mulhouse, cherchait à héberger des familles de demandeurs d’asile qui étaient dehors. C’était l’hiver 2010, il faisait très froid. C’est comme ça qu’on a commencé. Très vite, il a fallu embaucher. On voulait que ça se passe bien pour les écoles, les voisins. À la fin de la période hivernale, l’État a voulu réquisitionner tout le centre. Mais notre tradition était l’accueil pendant les vacances et nous avons refusé. On voulait bien continuer à recevoir les demandeurs d’asile, mais en poursuivant nos activités.

Le miracle : une subvention de 240 000 euros

Depuis 2017, on a le statut d’HUDA3 . On aide les demandeurs d’asile à monter leur dossier Ofpra4 . Trois travailleurs sociaux, des bénévoles et un aumônier assurent l’accompagnement social, médical, scolaire, psychologique et spirituel ; des cours de français et un soutien alimentaire sont offerts. On a vite constaté que l’hébergement d’urgence pouvait s’éterniser, un an, parfois deux, alors que les gens vivaient dans des conditions précaires avec des sanitaires communs. Quand l’État nous a demandé si nous avions des projets, nous avons sollicité 240 000 euros pour des travaux d’humanisation. Trois ans plus tard, en 2021, à la suite d’une inspection de la DDETSPP5 , très intéressée par notre fonctionnement atypique, on m’a demandé de monter un dossier. Juste avant Noël, et contre toute attente, nous avons reçu la totalité de la subvention. Mon interlocutrice a lâché : « C’est un vrai miracle ! », ce à quoi j’ai répondu que ça tombait bien parce qu’on croyait aux miracles ! Les travaux ont commencé très rapidement dans un de nos bâtiments, dédié aux demandeurs d’asile. Quarante personnes sont aujourd’hui accueillies au Rimlishof dans de très bonnes conditions. Les chambres, spacieuses, ont toutes des sanitaires privatifs. Nous avons conservé, à la demande des familles accueillies et des éducateurs, la grande cuisine commune. Neuf nationalités se côtoient ici et la cuisine est un lieu de convivialité très important. Nous avons également deux chambres accessibles pour accueillir des demandeurs d’asile en situation de handicap.

Alain Nussbaumer, directeur du Rimlishof