Cet été, la sécheresse s’est fait sentir, atteignant fin août des seuils critiques liés à une chaleur intense, où les rayons du soleil étaient brûlants. Il a été fréquent de voir le mercure indiquant des températures de plus 35 degrés. Focus sur le département de l’Ardèche, où les temples sont entourés d’herbe brûlée. Nous avons rencontré un jeune agriculteur : Dylan Chirouze, 23 ans, qui est installé avec sa mère en GAEC (Groupement agricole d’Exploitation en Commun) sur la commune de Vernoux-en-Vivarais. Il possède une exploitation de 118 hectares avec un troupeau de 50 vaches de race montbéliarde : une moitié de superficie en pâturages et l’autre en culture du maïs.

Dylan dresse un bilan : « Depuis 2011, je constate une baisse de production, car les ressources en eau ne sont pas suffisantes. Après 2008, l’été 2022 bat tous les records. Sur mon exploitation, j’ai moitié moins de récolte à destination du bétail ». Selon Dylan, la perte vient du manque d’eau car, depuis le 15 août, ses deux lacs collinaires sont vides (8 000 m3 et 4 000 m3). Pour lui, le point crucial est « l’interdiction d’irriguer durant cette longue période de sécheresse en suivant les directives préfectorales. Sans parler des mesures draconiennes imposées pour la création ou l’agrandissement de retenues d’eau qui rendent l’opération impossible, au vu de la législation en vigueur ».

La problématique de la gestion de l’eau, de son stockage, est un dilemme qu’il faut prendre à bras le corps, indique la profession agricole, car ce qui s’est vécu cet été 2022 est amené à se reproduire, selon les prévisions de Météo France et des experts du climat, voire s’accentuer dans les prochaines décennies. De quoi alarmer le monde agricole, mais aussi d’autres professions.

Tous les domaines sont touchés

Le 31 août 2022, Thierry Devimeux, préfet de l’Ardèche, s’est déplacé dans ce département pour mieux se rendre compte de la situation et écouter les doléances des agriculteurs. Il s’est rendu, entre autres, chez Dylan Chirouze. Thierry Devimeux a expliqué que cet été le Rhône avait vu son débit baisser de 30 % et que, dans les décennies à venir, avec la fonte des glaciers, le fleuve continuerait à baisser. Si le monde agricole est impacté par ce manque d’eau, il y a aussi toutes les industries qui ont besoin d’eau pour travailler. Si l’eau venait à manquer, ce serait catastrophique. En cette fin d’été, la quasi-totalité des ruisseaux est à sec et les sources tarissent les unes après les autres, alors qu’elles n’ont jamais tari par le passé. Des fermetures d’usines, d’industries, des salariés mis au chômage, c’est à peine imaginable.

Assises de l’eau

Compte tenu de ces éléments, ont été convoquées au siège du département de l’Ardèche, le 30 septembre 2022, les « Assises de l’eau », en présence de toutes les parties prenantes qui dépendent de l’eau. Au programme des réflexions, divers sujets comme : comment stocker l’eau en hiver, la récupérer, la gérer au mieux ? La sécheresse n’est pas un fait nouveau.

Dans les textes bibliques, on trouve à bon nombre d’endroits le mot sécheresse. Et quand on effectue des recherches dans les archives, on retrouve de grandes périodes de sécheresse qui ont marqué l’histoire.

Les pierres à faim

On en veut pour preuve « les pierres à faim ». Avec les périodes de manque d’eau, apparaissent dans le lit des fleuves des pierres sur lesquelles les hommes des siècles passés ont gravé les dates de ces années de misère. Ces inscriptions refont leur apparition actuellement. Ces pierres s’appellent « les pierres à faim ». Selon les écrits et traces, ces mots gravés dans la pierre remontent à 1616 où il est écrit : « Si tu me vois, alors pleure ». Cet été, des pierres dans l’Elbe et dans d’autres cours d’eau sont apparues. Ces pierres, témoins du passé, rappellent aux générations qu’il y a eu antérieurement d’autres vagues de chaleur et de sécheresse. Elles portent les dates gravées : 1417, 1616, 1707, 1746, 1790, 1800, 1811, 1830, 1842, 1868, 1892 et 1893… pour n’en citer que quelques-unes !

Revoir pratiques et exigences

« La planète Terre, il faut en prendre soin », expliquait récemment Jean, un agriculteur, faisant référence à tout ce que Dieu nous a offert. Et d’ajouter : « Oui, la planète Terre est en danger. Il faut que les consciences se réveillent avant qu’il ne soit trop tard ».

Notre maison commune brûle, mais nous voulons continuer la course en avant en pointant toujours plus la responsabilité des autres, alors que c’est une transformation radicale de notre société qu’il faut envisager, une baisse de nos exigences et une refonte des pratiques agricoles et industrielles.

Ce Temps pour la Création 2022 nous invite à prendre notre part : « Seigneur, nous confessons que nous nous sommes parfois bouché les oreilles. Nous nous sommes détournés de la souffrance de ta Création. Nous préférons ne pas voir que certains de nos choix contribuent à la surexploitation des forêts et des océans, à la maltraitance des animaux et des êtres humains. Face à la gravité de la crise dans notre maison commune, nous savons que nos efforts pour changer ne suffiront pas. Tu es le seul qui peut changer notre cœur. Nous avons besoin, non pas d’un peu d’aide, mais d’un Sauveur. »