Si le président du Rassemblement National Jordan Bardella n’a été que peu applaudi, au cours du débat organisé par le Medef en août 2025 avec les autres chefs de partis politiques, le parti d’extrême droite a su tisser des liens avec le patronat français depuis plusieurs années. Auparavant honnis par les chefs d’entreprises, qui lui préféraient le centre ou la droite politique, ces derniers voient désormais comme une alternative la solution RN pour les prochaines présidentielles de 2027. Un choix de raison pour les détenteurs de capitaux qui voient d’un très mauvais œil la possibilité d’un Jean-Luc Mélenchon au second tour. Une éventualité de plus en plus probable selon certains médias et sociologues.

« L’industrie doit être le centre de l’attention de tous les politiques, quels qu’ils soient, pour cela, je discute avec tous ceux qui la défendent ». Auprès du Parisien, le secrétaire général du syndicat patronal Plastalliance, Joseph Tayefeh ne cache pas son enthousiasme vis-à-vis du parti frontiste. Il témoigne discuter avec tout le monde, « de Fabien Roussel, le secrétaire national du Parti communiste français, à Jordan Bardella au RN. Et j’ai noté qu’entre ces deux pôles, les meilleurs défenseurs ne sont pas forcément du côté des formations les plus traditionnelles. »

« C’est le seul parti qui nous contacte régulièrement »

Lobbyiste du plastique, le représentant du syndicat patronal semble satisfait des positions du RN au sujet du patronat. « Ils ont su se mettre à l’écoute des patrons, en se rendant disponibles et réactifs », résume Joseph Tayefeh. « C’est le seul parti qui nous contacte régulièrement pour nous demander notre avis sur telle ou telle proposition de loi. Ils sont proactifs sur tous les sujets qui nous concernent. Forcément, ça imprime chez nos adhérents. »

Au débat organisé par le Medef, Jordan Bardella avait su tendre la main aux chefs d’entreprises en expliquant notamment : « ce qui devrait nous réunir aujourd’hui […], c’est la nécessité de remettre le pays sur le chemin de la production, de déverrouiller les contraintes qui pèsent sur la croissance. » Une position à laquelle se raccroche le patronat français, également satisfait de ne plus entendre parler de Frexit dans la bouche des représentants du parti fondé, entre autres, par deux anciens de la Waffen-SS. Historien et spécialiste du nazisme, Johann Chapoutot avait par ailleurs montré que, dans l’Allemagne des années 30, l’extrême droite avait elle aussi été poussée par certains milieux d’affaires. Le NSDAP avait notamment reçu l’appui financier d’Emil Kirdorf, un industriel allemand, de Fritz Thyssen, le président du conseil de surveillance des Aciéries, et de Hjalmar Schacht, ancien président de la Reichsbank, comme le rapporte Le Monde Diplomatique.