Du mardi 28 au vendredi 31 mars, les évêques français se réunissent à Lourdes. Ils doivent y voter des mesures capables de lutter contre les violences sexuelles dans l’Église. De nombreux fidèles leur ont déjà fait savoir qu’ils attendaient d’eux “des décisions courageuses”, relate La Nouvelle République des Pyrénées. En novembre 2021, la Conférence des évêques de France (CEF) avait fait un premier pas en reconnaissant la responsabilité de l’institution et le caractère “systémique” des actes pédocriminels. Une nouvelle annoncée un mois après la publication du rapport de la commission Sauvé. Celui-ci, chiffres à l’appui, levait le voile sur l’ampleur des abus sexuels dans l’Église catholique au cours des sept dernières décennies. Il dénombrait plus de 300 000 victimes.

Les évêques avaient ensuite mis en place une instance de réparation pour les victimes. Et neuf groupes de travail avaient également été créés afin de réfléchir à des réformes de fond. Une démarche à laquelle des laïcs et des victimes de violences sexuelles ont été associés. Ces derniers ont écrit un rapport de 270 pages. Un document transmis à tous les évêques, le 15 mars dernier. Il y est question de “partage de bonnes pratiques devant des cas signalés”, de l’“accompagnement des évêques ou des prêtres dans leurs fonctions”, et de celui des “mis en cause”, etc.

Deux recommandations clés

Selon Hervé Balladur, laïc nommé par la CEF pour coordonner ces travaux, les propositions énoncées dans le rapport répondent “au caractère ‘systémique’ mis en exergue [en 2021]. Quand un abus sexuel est commis, il n’y a jamais une seule cause”. Pour en finir avec la pédocriminalité, plusieurs propositions insistent sur l’importance de “renforcer” la place des laïcs et tout particulièrement celle des femmes au sein des instances de l’Église ou dans la liturgie. Une décision clé dans la lutte contre l’entre-soi et qui permettrait de limiter les risques de dérives. “On souhaite qu’il y ait, comme dans les entreprises, des évaluations régulières de l’exercice de la mission des prêtres et des évêques”, assure l’archevêque de Poitiers, Pascal Wintzer. D’autres mesures visent aussi à lutter contre la “solitude” des religieux, lorsqu’ils gèrent des affaires et doivent prendre une décision.

Le journal met également en avant deux recommandations : la possibilité d’autoriser une femme à devenir diacre et l’ordination d’hommes mariés. Mais l’une et l’autre doivent faire l’objet d’une validation par le Vatican. Et le pape François a déjà fait savoir qu’il n’était pas favorable à la seconde préconisation, évoquée dès 2019, lors du synode sur l’Amazonie. D’ailleurs, Mgr Wintzer ne se fait guère d’illusion quant à l’adoption par ses pairs de celle-ci. S’il la défend, il sait que la grande majorité des évêques, sont “attachés au cadre” actuel et donc au célibat des prêtres.

L’exemple allemand

Mardi et mercredi, les évêques seront épaulés par 75 membres des groupes de travail, pour réfléchir aux propositions. “Les évêques ont eu peu de temps pour s’approprier le rapport et auront peu de temps sur place”, observe une source proche du dossier, selon laquelle certains pourraient être tentés de “tourner la page” des violences sexuelles. En Allemagne, évêques, prêtres, religieuses et laïcs réunis en synode depuis quatre ans, ont dit oui à la possibilité pour les femmes de devenir diacre. Ils ont également demandé au pape d’examiner l’obligation de célibat pour les prêtres.