Hans Küng a défendu le concept de «mort heureuse» dans son dernier ouvrage pour promouvoir la cause de l’euthanasie. Le choix même de ce titre provocateur montre que, dans notre société désenchantée, la mort n’est pas heureuse. L’évocation des conditions de la fin de vie constitue encore une «zone interdite», tant la mort elle-même, notamment lorsqu’elle n’est pas spectaculaire, est refoulée en dehors de l’espace privé (le logement familial) comme de l’espace public (l’Eglise, le cimetière…); tant les questions du salut et de l’au-delà ont, y compris chez les croyants, perdu leur impact concret ou sacré; et tant la solitude voire l’isolement deviennent la règle, notamment pour ceux qui sont en mauvaise santé.
Les Églises font-elles exception? L’accompagnement constitue depuis longtemps une de leurs missions fondamentales. Il s’adresse particulièrement aux personnes âgées, aux malades, aux personnes isolées. Il faut ajouter l’intervention des aumôneries dans les hôpitaux ou les maisons de retraite. Mais les cadres de solidarité anciens, comme la solidarité familiale, s’étiolent, alors que les rites traditionnels, qu’ils soient religieux ou laïques, se marginalisent. […]