… Comme si le concept de soins était de fait réservé aux plus nantis, tout du moins à ceux qui sont socialisés et reconnus comme tels par l’assurance maladie et les mutuelles. Et aux valides.

Parmi les exclus du soin dans notre pays, et c’est paradoxal, les personnes qui vivent avec un handicap, pourtant socialisées et assurées, sont les plus pénalisées. Lorsqu’elles sollicitent la médecine libérale ou l’hôpital, près de 30 % d’entre elles ne peuvent accéder aux soins dont elles ont besoin, révèle le questionnaire Handifaction. Portée par l’assurance maladie, l’enquête dresse un état des lieux clair et complet de l’accès aux soins des personnes vivant avec un handicap en France.

Un accueil dégradé, un déficit de soins

Deux prétextes sont invoqués pour justifier la réticence de la médecine à l’accueil des personnes en situation de handicap : le manque de temps disponible et l’absence d’équipement adapté. Autrement dit, ces personnes sont soumises à la double peine : leur handicap et le déficit de soins ou d’attention. Cette situation est aggravée par la soumission de la médecine au diktat de l’économie. La prise en charge se résume à celle de la pathologie en cours au lieu de prendre en compte le terrain sur lequel elle survient.

Le médecin libéral et l’hôpital justifient leur refus en invoquant le coût financier, non remboursé, qui leur sera appliqué. Pourtant certaines institutions, heureusement, contrebalancent cette inégalité si choquante. Quelques hôpitaux accueillent des interprètes professionnels de la langue des signes pour venir en aide aux malentendants ; des équipes pluridisciplinaires médicales et chirurgicales profitent d’une intervention pour coopérer, afin de simplifier l’ensemble des soins médicaux et de les adapter à des pathologies différentes, spécifiques et multiples. Mais ces interventions restent confidentielles, d’autant plus que l’accueil hospitalier s’est dégradé depuis quelques années en raison du déficit d’infirmiers.

Inclusion, le bel exemple de l’Italie

D’autres pays, comme l’Italie, ont pris des mesures en faveur des personnes en situation de handicap beaucoup plus contraignantes pour l’univers du soin. C’est le handicap qui crée la réponse adaptée et non la structure qui décide de cette réponse en raison de ses propres contraintes. L’Italie ouvre un chemin plus généreux et le prouve par exemple par son accueil des enfants porteurs de handicap, du cours préparatoire à l’université, quelles que soient leurs difficultés. Ce droit absolu s’accompagne d’une diminution du nombre d’enfants par classe dans ce cas spécifique : la loi impose qu’il n’y ait pas plus de vingt élèves dans les classes accueillant un enfant handicapé. L’inclusion sans condition des élèves porteurs de handicap rejaillit sur l’ensemble de la société. Les classes accueillantes sont un succès pour les enfants accueillis qui gagnent en compétence, mais elles sont aussi profitables aux autres élèves qui les côtoient au quotidien et exercent la solidarité dès leur plus jeune âge. Le handicap est une expérience universelle, facteur de cohésion naturelle, de rassemblement et d’entraide.

L’accueil de la personne vivant avec un handicap est toujours un bénéfice. Il n’y a rien de plus gratifiant pour un groupe que d’être porteur d’inclusion et d’expérimenter le sentiment concret du partage de notre commune humanité.