Deux mois après les révélations d’anciens élèves victimes d’agressions et de violences physiques et sexuelles au sein de l’établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques, la commission d’enquête parlementaire cherche à comprendre ce qui s’est vraiment passé à Bétharram. Pour ce faire, les députés en charge de la commission interrogent des personnalités liées à l’affaire. Jeudi 10 avril, l’entourage de François Bayrou a confirmé à l’AFP que le Premier ministre sera lui aussi auditionné, souligne Le Monde.
Une audition qui se tiendra le 14 mai prochain, lors de laquelle le Premier ministre devra défendre sous serment le discours qu’il tient depuis le début des révélations sur l’Affaire. Car depuis les révélations dévoilées par la presse en février dernier, François Bayrou a toujours défendu sa non-connaissance des faits commis au sein de l’établissement, notamment devant les députés de l’Assemblée nationale. Récemment, il a également remis en cause les propos d’un ancien gendarme. Ce dernier, qui enquêtait sur l’affaire en 1998, affirmait dans l’émission Sept à Huit sur TF1, puis devant la commission d’enquête parlementaire jeudi 10 avril, qu’un magistrat avait parlé d’une “intervention” de François Bayrou (alors ministre de ministre de l’Éducation nationale, député et président du Conseil départemental des Pyrénées-Atlantiques à l’époque) dans l’enquête.
François Bayrou connaît bien Bétharram
Au-delà de son passé politique, François Bayrou connaît bien l’établissement catholique situé à une vingtaine de kilomètres de Pau. D’une part, il occupe depuis onze ans la fonction de maire de Pau et, depuis dix ans, celle de président d’agglomération de Pau Béarn Pyrénées. D’un côté plus personnel, ces enfants ont été scolarisés à Bétharram et son épouse y a travaillé. Des liens plus qu’étroits entre François Bayrou et l’établissement scolaire qui laissent difficilement acceptable le discours prôné par le Premier ministre depuis février.
Le passage devant la commission d’enquête parlementaire sera également l’occasion pour François Bayrou de s’expliquer sur les révélations faites par Mediapart en date du 11 février dernier. Ce jour-là, le média indépendant publiait l’article “Viols à Bétharram : Bayrou a menti, Mediapart publie de nouveaux documents”. Un récit choc dévoilé quelques heures après que le chef du gouvernement ait déclaré devant l’Assemblée, n’avoir “jamais” été informé des violences commises dans l’établissement. Un article qui comprend un courrier avec son accusé de réception adressé à François Bayrou et envoyé par l’une des victimes de Bétharram, de quoi confirmer l’hypothèse que le locataire de Matignon a été mis au courant d’une manière ou d’une autre de ce qui a pu se passer à Notre-Dame de Bétharram.
D’autres anciens ministres seront également auditionnés
Mais François Bayrou ne sera pas le seul personnage politique auditionné par la commission d’enquête. Selon le Huffington Post, plusieurs ex-ministres, dont certains passés par l’Éducation nationale, seront entendus prochainement. Notamment, Nicole Belloubet, Jean-Michel Blanquer, Pap Ndiaye, Ségolène Royal, l’actuelle ministre de l’Education nationale Élisabeth Borne et le ministre de la Justice, Gérald Darmanin.
Par ailleurs, Élisabeth Borne a annoncé jeudi 10 avril dans une interview au journal La Croix, l’ouverture d’une enquête administrative sur l’établissement. Un choix qui fait suite à la publication d’un rapport d’inspection menée au mois de mars dernier par sept inspecteurs et une conseillère technique des services sociaux. Suite à cela, plusieurs “manquements” avaient été mis en lumière, souligne la source. Des élèves actuellement scolarisés avaient d’ailleurs témoigné de comportements blessants et humiliants de la part de deux professeurs, rappelait la ministre.