Le major Jean-Paul Thöni a exercé la fonction d’aumônier durant une quinzaine d’années. 

Jean-Paul, avez-vous toujours été intéressé par le milieu carcéral ? 

La prison n’est pas le souci premier des Français. Si on n’a pas un proche incarcéré, la prison n’intéresse personne, on n’en parle pas. Et moi, je ne m’y intéressais pas non plus. D’ailleurs, vous pouvez remarquer que les établissements pénitentiaires sont souvent à l’extérieur des villes ; on ne les voit pas.

Qu’est-ce que le ministère d’aumônier a changé dans votre vie ?

Être aumônier m’a amené à modifier le regard que j’ai de l’autre, à l’accepter tel qu’il est, à le regarder sans le juger. Pas toujours facile. Nous sommes empêtrés dans nos a priori, souvent prompts à juger. Il faut laisser tout ça de côté. Et puis, l’aumônier doit relever un défi : «Comment dire Dieu aujourd’hui à quelqu’un qui n’en a rien à faire, qui n’en attend rien ?» Ou peut-être même qui en veut à Dieu de n’avoir rien fait pour lui avant d’en arriver là ! Cela m’interroge aussi sur mon propre regard ; quel est le Dieu que j’annonce ? […]