Le monde ne change pas… À longueur de reportage et de déclaration, c’est à celui qui montrera les muscles les plus puissants, l’armée la plus meurtrière ; d’un bout à l’autre de l’échiquier politique ou social, la même antienne résonne sans fin, comme si les enseignements de l’histoire ne changeaient rien. Les puissants se croient invulnérables.
Et pourtant, au plan individuel, ils ne le sont pas. Ces puissants ne peuvent que constater leur faiblesse fondamentale, quand, à cause de la maladie, d’un accident ou simplement de l’âge qui avance, ils (re)deviennent de faibles personnes, dépendantes de l’humanité de leurs proches ou de leurs semblables.
Alors que s’approche le temps de Noël , comment ne pas voir dans le petit enfant de la crèche l’exemple ultime de la vulnérabilité et du paradoxe de la puissance. Le sans habit, le faible, le sans logement,… est à sa naissance menacé dans son existence même. Ce petit, ce « sans rien » deviendra pourtant un roi sidérant le monde de sa pensée, redeviendra un pauvre mortel, humilié, soumis à la violence du monde, jusqu’à redevenir roi. Il nous apprendra ainsi que, quel que soit notre parcours, nous avons le droit de vivre et de penser, le droit de nous tenir debout et digne dans notre humanité semblable.
« Quel que soit notre parcours, nous avons le droit de vivre et de penser, le droit de nous tenir debout et digne »
Le plus difficile reste à faire : ne plus considérer cet exemple comme extraordinaire et unique mais appliquer cette vision de notre vulnérabilité fondamentale à toute humanité et de reconnaître, en permanence, que les plus petits, les exclus sont aussi dignes que les grands, qu’ils ont droit au respect, au travail, à la liberté de conscience et de circulation, aux soins, à un toit, à la parole…
Ce rappel essentiel à notre similitude humaine (plusieurs ethnies, mais une seule race humaine) et aux droits qui y sont attachés peut nous permettre de nous sortir de l’aveuglement délétère qui menace notre monde. Que ce temps de l’avent nous invite à la douceur des tout-petits !
Jean Fontanieu, secrétaire général de la FEP