Homme d’affaires, président de l’Olympique de Marseille, ministre, chanteur, acteur… Bernard Tapie est décédé à 78 ans dimanche 3 octobre, des suites d’un cancer. Ancien ministre de la Ville sous François Mitterrand en 1992 et 1993, ses relations avec les autres ministres socialistes n’ont pas toujours été au beau fixe. Le protestant Pierre Joxe, par exemple, s’oppose à sa nomination au ministère. Il n’est alors pas le seul à vouloir lui barrer la route. Martine Aubry et Laurent Fabius ne voyaient pas non plus d’un très bon œil son arrivée au gouvernement, rappelle L’Obs.
Deux ans plus tard, Michel Rocard n’a pas dû non plus apprécier la manœuvre du président de la République. Si l’arrivée de Bernard Tapie au sein de l’exécutif visait à faire barrage au Front national, François Mitterrand lui confie en 1994 une autre mission. En lui demandant de mener une liste aux élections européennes, il souhaite affaiblir son ex-Premier ministre, remémore le Huffpost.
“J’ai été abattu par un missile nommé Tapie”
Épaulé par Christiane Taubira, Noël Mamère et Jean-François Hory, Bernard Tapie recueille plus de 12% des voix et termine à la quatrième place. Il devance alors la liste de Jean-Marie Le Pen (10,5%) et n’est qu’à deux points de celle de Michel Rocard. “J’ai été abattu par un missile nommé Tapie, tiré depuis l’Élysée”, commentera alors Michel Rocard, qui voit là une possible candidature à la présidentielle de 1995 partir en fumée. Au contraire, la cote de Bernard Tapie explose. Le “Marseillais d’adoption” est alors présenté comme présidentiable et grand favori de la course à la mairie de la cité phocéenne. Une élection à laquelle il ne se présentera finalement pas, barré par les affaires.
D’ailleurs, la carrière politique de Bernard Tapie s’arrêtera là. En 1995, il est condamné à un an de prison dans le cadre de l’affaire de corruption OM – VA. Une affaire parmi d’autres. Nommé ministre le 2 avril 1992, Bernard Tapie est contraint de démissionner dès le 23 mai en raison de son implication dans une affaire judiciaire l’opposant à l’homme d’affaires Georges Tranchant, rappelle Le Monde. Un non-lieu lui permet de réintégrer le gouvernement en janvier 1993, mais pour à peine trois mois en raison de la défaite cuisante de la gauche aux législatives.