Jean Déaux, comment traversez vous cette crise sanitaire en tant que médecin ?
Je suis médecin en préretraite et médecin bénévole dans un centre d’accueil pour migrants, en lien avec la Cimade qui est impliquée localement dans l’accueil des mineurs non accompagnés. La voie d’immigration par Bayonne/Biarritz existe depuis un an et demi, depuis que Salvini a fermé les frontières de l’Italie. En ce moment, j’ai beaucoup, beaucoup de travail…
Et en Église comme président de Conseil presbytéral ?
En Église, le maître-mot est le mot « Lien ». Garder le lien avec les uns et les autres, aider à se coordonner, écouter. Ma fonction médicale est rassurante, en plus je suis un praticien au front, et j’écoute. C’est très important de prendre le temps d’écouter.
Au niveau paroissial, très vite se sont mises en place des conférences téléphoniques afin d’organiser la période : en plus du journal paroissial mensuel, une lettre a été envoyée tous les dix jours pour donner des nouvelles des uns et des autres, proposer des prières et méditations, des liens vers des sites de l’EPUdF (méditation quotidienne en Sud-Ouest) et aussi un mot de la trésorière, car les finances se sont écroulées. Tous les jours à 18h, le mot d’un pasteur voisin, celui des Landes, a été envoyé par mail.
Les conseillers presbytéraux ont téléphoné aux personnes âgées pour prendre des nouvelles, et parler, car il est important d’entendre des voix, d’avoir un lien humain. Cette crise donne sens à la vie et à la voix. L’immédiateté de ce lien est très importante.
Comment rassurer ou annoncer l’espérance dans un tel contexte ?
Cette catastrophe repose les termes de la mort. En premier à nous, les médecins, habitués à une sorte de toute puissance technicienne face à la mort, avec parfois la peur de la mort. Or un misérable virus se répand comme […]