Le SARS-CoV-2 se propagerait entre autres par l’air, par les contacts physiques, et différentes surfaces. Si ses impacts sur le système nerveux central sont tout juste en train d’être découverts, sa mortalité importante ne fait pas de doute.

Pour la première fois dans l’histoire récente, nous pouvons tous être porteurs d’un virus mortel.

OLIVIER ABEL Oui, le SARS-CoV-2 touche notre humanité, à la fois universellement, sans tenir compte de nos barrières, et singulièrement dans les formes de vie de chacun. Le simple fait d’exister nous rend porteurs de cette possibilité tant passive qu’active. La séparation entre vulnérabilité et responsabilité s’effondre. Le virus interroge notre liberté d’aller et venir, de nous déplacer où et quand nous le voulons, aussi loin que ce soit, de croire qu’on peut tout choisir. Ici, on ne choisit pas. Le paradigme de notre société est très profondément ébranlé.

L’autre aspect, c’est le confinement, devoir s’éloigner de nos semblables.

Une épidémie nous condamne à la distance et à la solitude. On ne peut pas prendre dans nos bras les malades ou ceux qui sont endeuillés. Et en même temps, nous sommes confrontés à des morts de masse. C’est dans ce moment de solitude et de distance forcées que l’on mesure l’étendue et l’importance de nos liens. Notre société nous fait croire que l’important, c’est d’être détachés, libres. On mesure combien on a besoin du soin mutuel, on repense l’attachement.

Comment le définiriez-vous, à la lumière de ce que nous vivons?

Par le passé, une valeur forte était la fidélité à un lieu, à une famille… Ces liens forts ont été brisés par l’urbanisation: nos attachements sont de plus en plus choisis, ce sont des projets! Or l’attachement s’éprouve dans la reconnaissance des liens existants. Il se mesure quand on est sur le […]