Le troisième plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc-3) a été présenté par le gouvernement lundi 10 mars avec plus d’un an de retard. Il a pour but de proposer des solutions d’adaptation au réchauffement climatique, dont les effets sont de plus en plus visibles. La France devrait se réchauffer de 4°C d’ici à la fin du siècle par rapport à 1900. Les conséquences de ce changement sont déjà présentes, puisque 313 communes des Hauts-de-France ont été déclarées en état de catastrophe naturelle entre fin 2023 et début 2024. Avec la montée du niveau des eaux, l’érosion côtière concerne 20% des littoraux français, soit 5000 km de côtes. Au total, 1,5 million d’habitants sont exposés au risque de submersion marine, indiquent Les Échos. De plus, 11 millions de maisons sont exposées au phénomène de retrait gonflement des argiles, qui fragilise les habitations.
À l’horizon 2050, la moitié des forêts françaises seraient soumises au risque d’incendie, le niveau d’enneigement dans les moyennes montagnes baisserait de 40% et la fonte du pergélisol accélérerait les éboulements en haute montagne. Le nombre de sécheresses serait aussi multiplié par trois par rapport à 1960, ce qui affecterait la productivité alimentaire, rapporte RFI. « Nos vies, nos habitudes, nos paysages, nos logements, nos emplois sont aujourd’hui menacés par les conséquences croissantes du changement climatique », a rappelé la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, avant de présenter un plan de 52 mesures qui sont déclinées en près de 200 actions concrètes. L’une des priorités est la territorialisation des actions avec des localités pilotes comme Douai, Niort, Chamonix qui pourront servir de territoires témoins. Un référent adaptation sera nommé dans chaque préfecture et un guichet unique d’ingénierie de l’adaptation sera mis en place à destination des collectivités locales.
Un manque de moyens pour le changement climatique
Des indicateurs ont été placés sur chaque mesure, afin de « contrôler la mise en œuvre et le respect du calendrier », a assuré Agnès Pannier-Runacher. Le budget de certaines des 52 mesures présentées est encore « à définir » quand d’autres n’ont aucun calendrier ou budget pour l’instant. Par rapport à 2023, seul le fonds Barnier, qui aide les entreprises les collectivités et les particuliers à financer des travaux d’adaptation, augmente de 75 millions d’euros pour atteindre les 300 millions d’euros. De son côté, le Fonds verts pour le climat va consacrer 260 millions d’euros à l’adaptation, mais cet argent ne sera plus utilisé pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les agences de l’eau, qui sont en charge de la gestion, de l’utilisation et de la protection des milieux aquatiques devraient réallouer un milliard d’euros à l’adaptation au changement climatique, sans que leur crédit soit augmenté.
Le plan « ne met pas en face les moyens parce qu’il pâtit du contexte », estime Vivian Depoues, chercheuse à l’Institut pour l’économie du climat (I4CE). « Les crédits dédiés à l’adaptation se maintiennent mais n’augmentent pas », regrette Guillaume Dolques, également chercheur pour l’I4CE, qui voit ce plan comme une « première étape ». Aucune des mesures présentées n’est restrictive et le plan n’a pas vocation à recevoir une traduction législative. De plus, le suivi de sa mise en œuvre nécessite des moyens humains et financiers qui ne sont pas au rendez-vous pour de nombreuses associations. « Le gouvernement prévoit de financer le Pnacc-3 par des fonds qu’il vient tout juste de supprimer : par le Fonds vert, par exemple, amputé de 1,4 milliard d’euros, soit de 56% de son budget, ou encore par le plan Haies venant de subir une coupe de 59 % », a ainsi souligné Robin Ehl, chargé de plaidoyer de l’ONG Oxfam, qui pointe des orientations politiques contradictoires.
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