Entendue par la commission d’enquête des députés français sur les violences sexuelles dans le cinéma mercredi 18 décembre, l’actrice Judith Godrèche, figure du mouvement MeToo en France, a indiqué n’avoir jamais été contactée par les « personnes de pouvoir » dans le cinéma. Depuis qu’elle a accusé de viols les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon, « il n’y a personne de pouvoir qui m’a écrit depuis que j’ai parlé », a-t-elle affirmé dans des propos cités par Le Figaro. « Ce silence-là dit beaucoup (…) il dit ‘je n’ai pas envie de parler ma place' », a expliqué la comédienne. « Les seules personnes de ce passé qui m’ont tendu la main sont des personnes qui […] sont, comme on dit, anonymes, en tout cas qui n’ont pas le pouvoir ou qui n’ont rien à perdre […], qui ne sont plus dans ce milieu », a-t-elle développé.

Au début de l’année 2024, Judith Godrèche avait pris la parole en accusant de viols le réalisateur Benoît Jacquot, de 25 ans son aîné, avec qui elle était en couple lorsqu’elle avait 14 ans. Elle a également accusé Jacques Doillon. Les deux cinéastes ont contesté ces allégations tandis que deux enquêtes sont toujours en cours. Devant cette commission, l’actrice a aussi répondu aux propos de Serge Toubiana, ancien patron de la Cinémathèque et ex-rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, qui avait dit ne pas être au courant de cette relation « intime ». Ce proche de Benoît Jacquot a toutefois reconnu qu’il avait reçu le couple à dîner à l’époque. « Il savait, tout le monde savait, lui que mieux que quiconque », a assuré la comédienne qui l’a accusé « d’avoir menti sous serment ».

Une plainte en diffamation contre Judith Godrèche

Le 6 décembre 2024, Jacques Doillon, accusé de viols par Judith Godrèche en février et visé par trois nouvelles plaintes en juillet, a été placé sous le statut de témoin assisté, indique Télérama. « Il n’existe aucun indice grave ou concordant contre Jacques Doillon dans cette affaire, et les éléments à décharge sont sans équivoque », a déclaré son avocate Me Marie Dosé, à l’issue de l’interrogatoire. Jacques Doillon avait été placé en garde à vue à la Brigade de protection des mineurs en juillet 2024 en même temps que Benoît Jacquot. Celui-ci a été mis en examen pour viols sur les actrices Julia Roy en 2013 et Isild le Besco entre 1998 et 2000. La garde à vue de Jacques Doillon avait été levée à l’époque pour « raisons médicales ».

Les faits décrits par Judith Godrèche à l’encontre de Jacques Doillon n’entraient pas dans le périmètre des accusations passibles de poursuites potentielles pour cause de prescription. Elle l’avait accusé de lui avoir « mis les doigts dans la culotte » durant des essais pour le film La fille de quinze ans, sorti en 1989. Après avoir démenti avoir eu un rapport intime avec l’actrice, le réalisateur a porté plainte en diffamation contre Judith Godrèche, notamment pour un post Instagram du 21 février dans lequel elle l’accusait de « coucher » avec des « enfants ».