À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.

La parole

Une femme cananéenne demande à Jésus d’avoir pitié parce que sa fille est tourmentée par un démon. Mais Jésus ne répond pas.
Alors la femme se prosterne à ses pieds et l’implore de venir à son secours.
Jésus répondit : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le jeter aux petits chiens. » – « C’est vrai, Seigneur ! reprit-elle ; et justement les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »

La Bible, Évangile de Matthieu, chapitre 15, verset 26 et 27

Chemin de réflexion

Loin des yeux… loin du cœur ?

Dans ce texte, une femme étrangère vient déranger Jésus et l’interpelle : « Aie pitié de moi, Seigneur. » Jésus garde tout d’abord le silence. Manque-t-il d’amour ? La femme n’est pas de sa communauté, celle d’Israël. Malgré le silence de Jésus, cette femme étrangère, lointaine, vient se prosterner à ses pieds en lui demandant de secourir sa fille. Jésus se laisse alors interpeller, déranger par cette femme qui n’est pas de son peuple. La première réponse de Jésus est surprenante.
Pourtant, la femme ne se décourage pas et lui répond avec pertinence. Considérant sa grande foi, Jésus agit et guérit sa fille. Et moi, dans mon quotidien, suis-je prêt à me laisser interpeller, déranger par l’autre qui me semble si lointain, celui qui ne me ressemble pas, ni par sa nationalité, ni par sa couleur de peau, sa religion, ses coutumes ? Ces différences mettent-elles d’emblée une distance ? Deviennent-elles un obstacle pour aimer ? Qu’à l’instar de Jésus, nous puissions apprendre à accueillir et agir pour l’autre, notre lointain.

Pierre-Jean Soler, accompagnant spirituel, Fondation de l’Armée du Salut

 

Ma solidarité est-elle sélective ?

Jésus vient au secours des gens de son peuple. Mais pourquoi s’occuperait-il d’une femme qui n’est pas de son pays ? Cette étrangère – dont on ne connaît même pas le nom ! – dérange, insiste jusqu’à se mettre en travers du chemin. Qu’ont-ils en commun pour que Jésus se préoccupe d’elle ? Il y a déjà tellement de gens de son peuple qui ont besoin de lui. Ne serait-ce pas gâcher son énergie ? C’est ce que semble penser Jésus.
Pourtant, la femme étrangère insiste : elle lui demande juste une toute petite chose, une miette de chose : juste un peu de solidarité, juste un peu de sa puissance de vie, à peine une petite miette de sa puissance de vie et ça suffira ; c’est ce qu’elle croit. Sa confiance change le regard de Jésus. L’étrangère n’aura pas seulement une petite miette, elle aura tout l’amour de Dieu. Jésus lui donne finalement toute sa puissance de vie et guérit sa fille. Où va ma solidarité ? Vers ceux avec lesquels j’ai quelques affinités ? Ou bien vers tous ceux, indifféremment, qui sont dans la détresse ?

Bertrand Marchand, pasteur, Église protestante unie de France

 

La diversité, source d’enrichissement

Jésus vient au secours des gens de son peuple. Mais pourquoi s’occuperait-il d’une femme qui n’est pas de son pays ? Cette étrangère – dont

L’essentiel de notre activité est tourné vers les personnes migrantes. Nous prenons en charge soixante-quinze mineurs dans le cadre de notre maison d’enfants à caractère social (MECS) et plus de cent adultes (isolés ou en familles) sont accompagnés dans leur intégration par notre pôle urgence et migrants, le plus souvent en lien avec une demande d’asile. Notre fondation est un lieu de rencontres entre différentes nationalités, cultures, religions et, loin d’être une contrainte, cette diversité est une source d’enrichissement pour nous.
Chacun de nos usagers porte en lui une histoire de vie avec une part d’extraordinaire, faite à la fois de difficultés, de défis, d’aventures, de courage et d’espoir tourné vers une vie meilleure. Travailler avec ces personnes migrantes au quotidien nourrit, apporte une forme d’ouverture d’esprit et d’humilité. À leur contact, nous nous sentons mieux, nous devenons meilleurs et nous les remercions pour cela. L’étranger ne l’est plus une fois que l’on a appris à le connaître, il redevient celui qu’il a toujours été, notre prochain, et nous inspire par sa différence.

Sébastien Mathieu, directeur général de la Fondation Institut Protestant à Saverdun (Ariège)

 

Des mots pour prier

Je me tourne vers toi, mon Dieu, afin que tu ouvres mon regard.
Mes pensées sont parfois étroites.
Il m’est difficile d’être vraiment à l’écoute de l’autre quand il ne pense pas comme moi, quand il ne vit pas comme moi, quand il me paraît si loin de moi.
J’ai besoin que tu me rassures dans mon identité pour retrouver mon lien d’humanité.
Fais que je reçoive l’autre tel qu’il est, et que ma solidarité s’étende jusqu’à lui.
J’ai besoin de ta confiance et de ton amour.
Viens-moi en aide