C’est une démarche rare: Elvis Idrizi, 27 ans, éducateur social, et Liridon Abazi, 28 ans, animateur socioculturel, ont réalisé à Genève un travail conjoint de bachelor concernant la laïcité, au sein de la Haute Ecole de travail social. «Parole et regard d’animateurs et animatrices de maisons de quartier sur le fait religieux au sein d’un canton laïque comme Genève» est une enquête de terrain.

Elle est basée sur quatre entretiens systématiques avec des animatrices des maisons de quartier ou centres socioculturels genevois, de régions aisées et de zones en difficulté. Les questions concernent quatre dimensions: l’identité et l’appartenance de la personne, ses connaissances sur la religion et la laïcité, ses expériences quant au fait religieux, ses questionnements en situation concrète. Un canevas élaboré à partir d’une méthode de l’anthropologue Daniel Verba. «Sa pensée nous a permis de mieux comprendre le lien entre convictions religieuses et coutumes de l’autre dans le métier de travailleur social.» Mais le vécu des deux auteurs procure encore plus d’authenticité à leur étude.

Frein à l’intégration

Elvis Idrizi est né d’une maman catholique portugaise et d’un papa kosovar musulman. Il a grandi dans une famille d’accueil protestante suisse à Genève. «Ado, j’allais souvent à la maison de quartier des Avanchets. Et la religion était un objet de discussion en raison de la diversité culturelle de mon quartier. Je n’étais pas à l’aise pour en parler. Ce manque de repères a été un frein à  […]