Après avoir résumé les 3 grandes étapes de la doctrine de la Création, du judaïsme biblique au christianisme moderne, André Dumas tente dans ce texte de 1974 de déceler ce que la crise écologique, qui commençait alors tout juste à être analysée et prise en compte, peut signifier pour les chrétiens. Globalement pessimiste quant à sa résolution («c’est maintenant la préoccupation de l’emploi qui domine les esprits des particuliers, et celle de la balance des comptes ceux des nations»), il propose de rechercher «un ascétisme pro-mondain qui sait à la fois l’espace limité, le temps court, et la convivialité nécessaire» puisque «la foi en la création vise moins à la protection d’une nature intacte qu’à la bénédiction des hommes pour qui Dieu la structure continûment». Le texte est présenté par Stéphane Lavignotte qui publie ce mois de septembre André Dumas, habiter la vie aux éditions Labor et fides.

Ce texte d’André Dumas (1) est l’un des rares où il expose son point de vue sur l’écologie. Pourtant, il participa au processus qui amène en 1966 à la conférence du Conseil œcuménique des Églises sur L’avenir de la société industrielle – pour lequel Ivan Illich est également sollicité – précurseur de l’engagement des Églises sur ces questions. De même en 1972, il a prononcé la prédication lors de la célébration œcuménique qui ouvrait le premier grand sommet organisé par l’ONU à Stockholm sur l’environnement. En 1974, lors de la Conférence chrétienne internationale sur la science et la technique au service du développement humain, il présenta une contribution sur les Nouvelles approches de la création, dont les principaux thèmes se retrouvent dans ce texte. Ce fut lors de cette réunion que fut recommandé pour la première fois que les Églises œuvrent pour une société juste et viable, mettant ainsi en relation la préoccupation œcuménique pour la justice et la nouvelle préoccupation pour l’écologie. Apparaît pour la première fois sustainable qui sera malheureusement traduit en français par durable et non soutenable. Après avoir évoqué – de manière très documentée mais aujourd’hui datée – la crise de rareté des ressources, la crise des cycles naturels, les pollutions, les disparités nord-sud et la crise des savoirs et techniques, il propose une doctrine actualisée de la création pour penser la crise écologique. (Stéphane Lavignotte)

Le théologien a une certaine difficulté à intervenir ici sans donner l’impression qu’il saisit avec appétit une situation de crise pour rénover un dogme ancien et pour se présenter comme celui qui invente, à point nommé, une interprétation écologique d’une confession de foi qui se comprenait autrement. Doublement suspecte serait cette contrebande qui change les étiquettes de la marchandise et qui approvisionne ainsi la pénurie du marché doctrinal. Je crois cependant l’opération légitime si elle a des chances, non pas de fabriquer un ersatz, mais de retrouver la matière originelle, – en partie occultée […}