Qu’ils soient musulmans ou issus de la migration, les professionnels du travail social doivent eux aussi faire face à des préjugés.
Quels sont les défis auxquels sont confronté∙es les professionnel∙les du secteur social ayant un parcours migratoire ou une appartenance religieuse musulmane?
Pour ces personnes, la religion est une sorte de sous-texte permanent. Lorsque l’on est doté d’un nom à consonance étrangère ou d’un parcours migratoire, on est sujet à ce que l’on appelle une expérience d’«othering» (d’other, «autre» en anglais, NDLR), sans que cela soit verbalisé: dans le regard des clients ou de ses propres collègues, on est perçu comme différent, souvent de manière implicite. L’autre phénomène, c’est la compréhension de la migration et de la religion comme un tout. Quand on parle d’un•e professionel•le «turc∙que», cela signifie en réalité souvent «musulmane». On assiste donc à une ethnicisation de l’islam, d’un côté, et à une «islamisation» de la nationalité, de l’autre.
Quels problèmes engendrent ces perceptions?
On suppose que par leur histoire et leur supposée religion, ces travailleurs sociaux ont une proximité plus forte avec un certain public. Et c’est cela qui est hautement problématique. Car les travailleurs sociaux ne souhaitent pas être associés à ce statut de «spécialistes» de l’islam. Cela supposerait notamment qu’ils assument une responsabilité pour des phénomènes perçus comme culturels, alors qu’ils ont […]