Le grand mot d’ordre : « Respectez nos droits ! » Encore une fois, la confusion sémantique règne : de quels droits s’agit-il ? Sont-ils universels (c’est-à-dire acceptés par tout le monde) ? Sont-ils catégoriels (et donc s’opposent à certains) ? Sont-ils permanents, ou évolutifs, voire limités dans le temps ? Quand, en plus, tout un chacun s’arroge le droit de dire le droit, c’en est fini d’une compréhension commune…

Si l’on essaye de trier un tant soit peu les questions, il apparaît comme essentiel de considérer les droits de l’Homme, ceux que la communauté internationale a signés et ratifiés ; ils représentent la quintessence des valeurs humaines qui ont pu progresser depuis des siècles  ; quand bien même certains États ou groupes de pression voudraient les amender, il est urgent et fondamental de lutter pour qu’ils soient respectés, et défendus. Ils doivent irriguer les autres définitions des pratiques et libertés spécifiques, et rester comme phares des mises en œuvre des droits politiques, économiques ou sociaux. Par définition, les droits de l’Homme ne s’opposent pas, mais contribuent à une considération philosophique de l’humanité, dans sa globalité et son unité. Les droits de la personne, quant à eux, sont au cœur du débat : revendiqués par différents groupes, d’intérêts et de tendances divers, ils doivent faire l’objet d’un consensus social et politique pour être appliqués et développés, ce qui ne va pas de soi ! La personne âgée peut prétendre à des droits qui ne sont pas les mêmes que ceux du petit enfant ; même question pour les migrants, les personnes sous tutelle, les détenus, etc., même si on retrouve évidemment partout les fondements que devrait instaurer le respect des droits de l’Homme.

Les difficiles articulations et compréhensions de ces niveaux ont conduit la rédaction de Proteste à instruire le dossier de ce numéro : il ne traite pas de l’aspect juridique qui doit conduire tous ces droits, mais il cherche à comprendre par quel biais nous emparer de ces concepts. Droit, justice : ces mots doivent, quoi qu’il en soit, rester attachés, car c’est bien le second que nous cherchons tous, finalement, à servir.