L’ancien Premier ministre et actuel maire du Havre, Édouard Philippe, est pris dans une affaire de détournement de fonds publics depuis septembre 2023. Le 20 juin 2025, une lanceuse d’alerte, en la personne de la haute fonctionnaire, a demandé qu’un juge d’instruction soit saisi dans cette affaire, ont révélé Le Monde, France Inter et l’AFP. Elle a ainsi déposé une plainte avec constitution de partie civile dans l’enquête portant sur la façon dont a été gérée la Cité numérique du Havre de 2020 à 2022. Le maire Horizons (centre-droit) du Havre est ainsi visé pour « favoritisme », « détournement de fonds publics », « harcèlement moral », « concussion » et « prise illégale d’intérêts ».
Deux autres personnes visées par la plainte
Édouard Philippe n’est pas le seul concerné dans cette affaire dont l’enquête préliminaire menée par le Parquet national financier (PNF) avait aussi été initiée par la haute fonctionnaire, dont le nom reste anonyme, après sa plainte déposée en septembre 2023. Des perquisitions avaient ainsi été réalisées au mois d’avril 2024 à l’hôtel de ville de la commune la plus peuplée de Normandie, ainsi qu’au siège même de la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole.
Sont donc visées par la plainte, en plus de l’ancien Premier ministre, Stéphanie de Bazelaire, conseillère communautaire et adjointe de ce dernier, en charge de l’innovation et du numérique, au même titre que Claire-Sophie Tasias, directrice générale des services de la communauté urbaine.
Une plainte pour la reprise de l’enquête par des juges indépendants
Selon France Inter, la plaignante souhaiterait que l’enquête menée par le PNF passe à la vitesse supérieure. Cette Franco-Allemande, qui a travaillé pour Le Havre Seine Métropole à partir de septembre 2020 pour suivre le projet de Cité numérique, a remarqué des anomalies dans la gestion dudit projet, notamment des salaires élevés par rapport à la sobriété de l’activité visée. Celle dont le contrat n’avait pas été reconduit après un arrêt maladie pointe également du doigt la signature d’une convention entre Édouard Philippe et une association dont la présidente n’était autre que son adjointe, et dont l’organisme a perçu en deux ans plus d’un million d’Euros de subvention.
« Je vais être très franc, je pense qu’il y a une tétanie syndrome Fillon au Parquet national financier, et que toute enquête sur de futurs probables candidats à la présidentielle pose de sérieuses difficultés », a déclaré Jérôme Karsenti, l’avocat de la lanceuse d’alerte, pour qui l’enquête devrait être reprise par des juges d’instruction indépendants. Édouard Philippe a de son côté réagi et botté les accusations en touche, qualifiant la procédure intentée par la plaignante de « triste vendetta ».