Il n’y a pas que l’écologie environnementale et l’écologie sociale. Dans son intervention à la 8e convention du Forum protestant, Stéphane Lavignotte expose le concept d’écologie mentale créé dans les années 1980 par le psychanalyste Félix Guattari pour synthétiser la réflexion déjà ancienne sur les fondements psychologiques de ce qui nous fait dégrader notre environnement mais aussi de ce qui pourrait nous aider à freiner cette dégradation et où les Églises «ont des savoirs-faire» qui pourraient aider.
Le concept d’écologie mentale est avancé par le psychanalyste et philosophe Félix Guattari dans Les trois écologies (1), ouvrage paru en 1989. L’idée principale est qu’à côté de l’écologie environnementale et de l’écologie sociale, existe une écologie mentale qui concerne la psyché, les imaginaires, les subjectivités. On peut retrouver là l’idée, présente chez beaucoup de penseurs écologistes, qu’il faut s’intéresser aux changements mentaux – imaginaires, subjectivités, problématiques… – qui ont conduit au rapport prédateur des sociétés humaines à la nature; quels changements mentaux il serait nécessaire d’opérer pour qu’il en soit autrement (pour obtenir une convivialité, un nouvel habiter ensemble pour reprendre les termes d’André Dumas) mais aussi comment nos mentaux (imaginaires, subjectivités, problématiques) et plus profondément nos psychés ou fantasmes sont aussi victimes (comme les rapports sociaux et la nature) d’une attitude prédatrice du productivisme et du capitalisme.
Une problématique présente tôt dans l’histoire de l’écologie
Cette idée est présente tôt chez les penseurs écologistes. Henry David Thoreau et Ralph Waldo Emerson s’inquiètent dès le premiers tiers du 19e siècle de ce que l’expansion scientifique, commerciale, industrielle de la société américaine se traduise par un amour aveugle de la richesse matérielle, détache l’humain, le rende «extérieur», «en désaccord» avec la nature, en lui ôtant de ce fait l’essentiel du lien au monde, le transforme profondément, lui faisant perdre de son humanité qui est indissociable de son rapport à la nature et à Dieu.
La question du changement d’imaginaire qui en […]