« Je ne sais pas vers quel avenir nous allons, mais nous pouvons agir dessus ! » S’appuyant sur l’exemple du trou dans la couche d’ozone, dont la taille a rétréci, Alain Gross président de la fondation Ecosphère ne veut pas rester les mains dans les poches. Convaincu qu’une entreprise est actrice de son territoire et que l’urgence climatique concerne tout le monde, le directeur général de l’agence de communication globale responsable Aggelos a souhaité s’engager plus encore pour la société tout en développant la solidarité sur son territoire. Soutenu par ses associés, il a alors créé l’association La Changerie il y a environ un an et demi et, en janvier dernier, la fondation Ecosphère.

La première est une association de « solidarité générale ». Elle sensibilise aux transitions et vise à aider humains et non-humains à s’adapter au changement climatique, en mettant en place des actions en faveur de la transition écologique. La seconde est hébergée par la Fondation du protestantisme. Elle soutient des actions solidaires et collectives au travers de projets d’accompagnement dans les adaptations des modes de vie. « Ecosphère est le pendant financier de La Changerie », précise Alain Gross.

Loin de disposer des budgets des grosses fondations, Ecosphère a lancé un premier appel à projet. En jeu : deux enveloppes de 2 500 euros chacune. « Ça nous coûte beaucoup. Nous avons du mal à boucler nos années, sourit le président de la fondation. Nous donnons avant d’avoir, nous faisons confiance. » Ex-éclaireur unioniste, il se dit inspiré par la parole prêtée à Luther. « Il aurait dit : Si l’on m’apprenait que la fin du monde est pour demain, je planterais quand même un pommier. »

Changer le monde sans en exclure personne

Mais Alain Gross est également inspiré par Jacques Ellul. « Notamment le livre formidable qu’a écrit Frédéric Rognon, intitulé Le défi de la non-puissance – L’écologie de Jacques Ellul et Bernard Charbonneau. Quand je lis un livre de la main gauche, je réfléchis à comment l’appliquer de ma main droite dans mon entreprise », commente-t-il. Et Résister, la compilation de lettres de Marie Durand protestante emprisonnée après, lui rappelle « qu’il faut faire ce que l’on a envie de faire avec passion ».

Son énergie et sa volonté de changer le monde sans en exclure personne ont fait mouche. « Au début, les collaborateurs d’Aggelos s’interrogeaient. Et puis, au bout de quelques mois, ils m’ont dit qu’ils étaient fiers de participer à cette aventure », souligne Alain Gross, ravi. En effet, l’entreprise finance en partie la fondation, qui cherche des mécènes pour l’aider à soutenir de nouveaux projets. Des idées qui font tomber les barrières et les murs érigés par certains pour transformer les forteresses en oasis. « Une oasis est ouverte à tous. Il y a des habitants permanents, des transitants, etc. Alors qu’une forteresse permet de dominer au moins un temps, mais quand elle s’effondre, elle cause beaucoup de dégâts », illustre le président d’Ecosphère.

Aussi récente soit-elle, l’aventure humaine de l’Écosphère a déjà été repérée. « Il y a un peu plus d’un mois et demi, une équipe de chercheurs de Sciences Po Bordeaux nous a contactés, confirme Alain Gross. Ils se demandent pourquoi nous faisons tout ça et comment une petite boîte avec un chiffre d’affaires de 2,4 millions d’euros a lancé une fondation. » Un enthousiasme et un exemple qui rappelle que les petites gouttes font les grandes rivières et qu’il n’appartient pas aux plus riches d’essayer de changer le cours des choses. « Nous avons des convictions, et peut-être une fois, une espérance en quelque chose », ajoute le président comme pour encourager les autres Petit Poucet à se mobiliser.