Qui succédera à Gabriel Attal ? Plus d’un mois après le second tour des législatives anticipées du 7 juillet, Emmanuel Macron n’a toujours pas nommé de nouveau Premier ministre. Lors des élections, les députés macronistes ont perdu des sièges et leur groupe est désormais deuxième à l’Assemblée nationale, derrière les 193 élus du Nouveau Front populaire (NFP), rappelle franceinfo.
Pourtant, la candidature du NFP, Lucie Castet, a été retoquée par le président avant les Jeux. Depuis le fort de Brégançon (Var) où il est en vacances, Emmanuel Macron poursuit les consultations. Officiellement, le président de la République attend encore qu’une coalition, regroupant les « forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines », se dégage. Certains espèrent qu’elle ira du PS aux LR, mais les socialistes n’entendent pas, pour le moment, quitter le NFP.
« Un nouveau contexte »
« Les JO sont la démonstration que la France, quand elle se rassemble, sait faire de grandes choses », a pourtant plaidé le président, dans un entretien accordé au journal L’Équipe. « Il y a trois ans, la maire de Paris [Anne Hidalgo], la présidente de la région Ile-de-France [Valérie Pécresse] et moi étions en compétition les uns contre les autres pour l’élection présidentielle. Et pourtant, on a travaillé ensemble », a-t-il ajouté.
Aujourd’hui, même dans le camp présidentiel, certains espèrent une décision rapide. « Nous sommes dans un nouveau contexte politique, où nous devons apprendre à composer ensemble », souligne la porte-parole du gouvernement démissionnaire, Prisca Thevenot. Le prochain gouvernement devra notamment plancher urgemment sur le projet de loi de finances (PLF) pour 2025. Celui-ci doit être présenté au Parlement avant le 1er octobre, après l’envoi avant le 20 septembre, d’un plan à la Commission européenne après l’ouverture d’une infraction pour déficit excessif. « Tout le temps utilisé pour chercher un accord entre partis est du temps perdu« , selon le président du MoDem, François Bayrou.
« Cohabitation inédite »
Dans ce contexte, la gauche espère encore réussir à imposer Lucie Castets à Matignon. Lundi 12 août, la haute-fonctionnaire de 37 ans a d’ailleurs écrit une lettre à tous les parlementaires, “sauf le Rassemblement national”, explique un proche à franceinfo. Elle y détaille les priorités de son mandat si elle devenait Première ministre. De cette manière, elle montre « qu’une fois la parenthèse des JO fermée », l’économiste « est au travail, pour présenter un projet qui répond aux urgences ».
Pour défendre la candidature de Lucie Castets, des représentants du NFP, dont le député Alexis Corbière, ont sommé Emmanuel Macron de la nommer, jugeant « qu’il n’avait plus le prétexte » des JO, dans un message posté lundi sur le réseau social X. « Emmanuel Macron n’a pas le choix, nous sommes dans une situation de cohabitation inédite », estime auprès de franceinfo le député Génération.s Benjamin Lucas. Le porte-parole du groupe écologiste à l’Assemblée estime que la gauche est la plus légitime pour former un gouvernement. « Dans un moment de confusion politique, avec une situation prévue nulle part, il faut respecter des principes : c’est la force arrivée en tête qui doit composer un gouvernement et essayer, texte après texte, de conquérir des majorités », souligne le député écologiste. Mais concrètement, la gauche ne dispose que peu d’outils pour maintenir la pression.
« Respect du vote citoyen »
Puisque la rentrée parlementaire n’aura lieu qu’en septembre, la gauche va mener la bataille sur les réseaux sociaux et dans les médias. Certains, comme la députée LFI Gabrielle Cathala, qualifient le chef de l’État « d’autocrate » sur X. Un terme que l’entourage de Lucie Castets évite. « Si Emmanuel Macron continue de faire la sourde oreille, va se poser la question du respect du vote des citoyens », indique-t-il à franceinfo.
Les macronistes, eux, insistent sur le fait que, selon la Constitution, le président de la République est le seul à choisir le futur Premier ministre. « Ne pas voler le vote, c’est le respecter et l’entendre. Il n’y a pas eu de gagnant de cette élection, nous avons trois blocs représentés à l’Assemblée nationale et aucun n’a la majorité. Maintenant, nous devons construire des pactes politiques pour agir », commente Prisca Thevenot, porte-parole du gouvernement. La droite, elle, a proposé un « pacte législatif » au camp macroniste en juillet. Mais, même alliés, les deux camps ne parviendront pas à une majorité absolue à l’Assemblée nationale.
Conscient de cela, le Premier ministre démissionnaire, Gabriel Attal, a adressé mardi un courrier proposant aux chefs des forces politiques, sauf le RN et LFI, un « pacte d’action » se concentrant sur quelques grandes mesures. Le nouveau président du groupe Renaissance à l’Assemblée a affirmé être « à disposition » pour une collaboration sans « effacer nos différences et nos désaccords », mais en les « dépassant ».