La Défenseure des droits, Claire Hédon, et l’Organisation internationale du travail (OIT) ont dévoilé, mercredi 10 décembre, la 18e édition de leur baromètre des discriminations dans l’emploi. En utilisant les données 2016-2024, ce baromètre montre que les discriminations ont connu une hausse « préoccupante » sur la dernière décennie. Selon le baromètre, l’emploi reste le domaine dans lequel les discriminations sont perçues comme les plus fortes. Plus de 9 actifs interrogés sur 10 considèrent qu’il existe (parfois ou souvent) des discriminations dans l’emploi. Six critères à la discrimination sont les plus fréquemment cités : le sexe, l’âge, la grossesse ou un congé parental, l’origine ou la couleur de peau, la religion, l’état de santé ou le handicap.
Au cours des cinq dernières années, 35% des enquêtés déclarent avoir fait l’objet d’un traitement défavorable ou discriminatoire en raison de l’un de ces critères. Parmi eux, 21% estiment que cette discrimination est présente dans leur déroulement de carrière et 14% lors de la recherche d’emploi. Le baromètre souligne que la jeunesse est surexposée aux discriminations dans l’emploi et que cette situation s’aggrave depuis 2016. Les jeunes de 18 à 24 ans ont « deux fois plus de risques de rapporter une expérience de discrimination que les 45-54 ans », souligne l’enquête.
Des discriminations lors d’un entretien d’embauche
De plus, certains publics sont plus exposés aux discriminations. Alors que les stéréotypes sur la maternité pèsent sur la carrière des femmes, « le fait d’être une femme multiplie par deux le risque de subir une discrimination par rapport aux hommes », rappelle l’enquête. Lors de la recherche d’emploi, les discriminations liées à la situation familiale sont cinq fois plus citées par les femmes que par les hommes. « Les personnes perçues comme noires, arabes ou maghrébines, ont dans la recherche d’emploi, un risque 2,8 fois plus élevé de déclarer avoir fait l’objet de discrimination que les personnes perçues comme blanches », indique le baromètre. Ce risque est 2,2 fois plus élevé depuis 2016. Les personnes qui ne sont pas hétérosexuelles ont 1,9 fois plus de risques d’être discriminées lors de la recherche d’emploi et 1,6 fois dans le déroulement de carrière. Les personnes en situation de handicap ont 1,7 fois plus de risques de déclarer avoir fait l’expérience de discrimination. Plus globalement, l’environnement de travail se dégrade avec un candidat sur deux qui dit avoir eu des questions personnelles inappropriées lors d’un entretien sur son âge, son origine, son lieu de résidence…
Comment mettre fin aux discriminations dans l’emploi ?
En 2024, 34% des actifs ont été exposés à des propos ou comportements sexistes, racistes, homophobes ou handiphobes, contre 25% en 2016. Les personnes discriminées ne font que très peu appel à une association, à la Défenseure des droits ou à un avocat. Elles déposent rarement plainte et ne saisissent pas la justice, mais se tournent en priorité vers la médecine du travail, les représentants du personnel ou le service des ressources humaines. « Il est essentiel de rappeler que chaque discrimination est une atteinte à la dignité et aux droits fondamentaux », a indiqué la Défenseure des droits, Claire Hédon, qui a rappelé « la nécessité d’agir collectivement dans la lutte contre les discriminations ». Elle préconise de mettre en place une politique de lutte contre les discriminations dans chaque organisation, de renforcer les politiques d’égalité professionnelle femmes-hommes dans les entreprises et les administrations. Elle demande aussi de mettre en œuvre des politiques publiques pour mieux mesurer les discriminations et d’intensifier les politiques publiques en appui des politiques diversité des entreprises.

