S’il est deux concepts contradictoires, c’est bien ceux de violence et fraternité.

Le dossier de ce numéro tentera d’approcher le cœur de ces deux thèmes, d’une part pour creuser les sources, le déroulement et les conséquences de la violence, et d’autre part pour identifier le concept de fraternité dans ce qu’il a de force pour lutter contre la violence. La fraternité est un des moteurs les plus difficiles à mettre en œuvre, mais il représente un antidote à ce mal qui épuise la marche en avant de l’humanité. La violence réside au cœur de la fraternité, comme la fraternité s’élève au milieu des décombres et de la mort. C’est ce destin lié que nous avons voulu interroger, tant il est présent au cœur de nos institutions, au plus proche des hommes et des femmes qui agissent chaque jour : la mort, la précarité, l’exclusion sont les conséquences de violences vécues par les personnes.

Alors ce beau rêve de fraternité, est-il une douce utopie malgré son affirmation au fronton de nos édifices républicains ? À la fois oui, et non… Car nous ne pouvons avancer que si nous rêvons un peu ; nous ne pouvons construire un monde meilleur que si nous projetons notre  espoir au-delà des constats mortifères du présent. Le royaume que nous espérons est à la fois une espérance et une réalité  : notre meilleure vie commence ici et maintenant et c’est cette mise en œuvre qui forge l’avenir.

« Alors ce beau rêve de fraternité, est-il une douce utopie malgré son affirmation au fronton de nos édifices républicains ? »

Parallèlement, nous sommes appelés à combattre la violence car elle est synonyme de mort et de refus de la vie. Suivre le Christ, c’est choisir la vie, opter pour la fraternité et penser un avenir ou la place de la violence sera la plus réduite possible… Reste à mettre en œuvre ce projet : c’est dans son application que nous pouvons engager toutes nos forces, humblement, secteurs par secteurs  : au travail, avec nos voisins, avec l’étranger, contre l’injustice, l’écart des richesses, la maladie, la souffrance, l’exclusion… Ce mouvement restera permanent, alimenté par les sourires, la générosité, l’empathie ou la simple considération. Nous pourrons vivre ces expériences de « fraternité appliquée » lors des journées nationales d’avril 2018  : là, au centre des situations de violence, se dessinent les mouvements essentiels qui fondent notre espérance.

Que cette séquence d’avenir augure d’une belle année 2018, déjà entamée avec goût et détermination !

Jean Fontanieu, secrétaire général de la FEP